Saison Prague - Episode 13 : Tout savoir sur LE SHUTDOWN
LE
SHUTDOWN
Par Hortense Derrien
Depuis
plusieurs années, nombre d’étudiants de la Grande Ecole du Droit ont choisi d’effectuer
leur LL.M. dans la capitale américaine : Washington, D.C. Qu’ils aient
intégré Georges Washington ou Georgetown University, chacun a pu
raconter son expérience LL.M. sur ce blog faisant rêver les GED3 qui, après trois
ans d’une quête juridique acharnée, s’apprêtent à atteindre le Saint Graal. Devant
la diversité des sujets précédemment traités, j’ai tenté d’identifier ce qui, cette
année, avait été au centre de toutes les conversations, de tous les débats, de
toute l’attention journalistique au sein de la capitale, j’ai nommé LE
SHUTDOWN. Car vivre à Washington, D.C., c’est aussi vivre au cœur de la
politique américaine… et comme il est impossible d’y échapper, vous n’y échapperez
pas à votre tour !
Je vous entends
d’ici vous poser la question essentielle : « Qu’est-ce que le shutdown précisément ? »
Cette
procédure n’existant pas en Droit Français, l’explication s’impose. Le shutdown est une période durant laquelle
l’administration fédérale des Etats-Unis est empêchée de fonctionner à la suite
du refus du Congrès de voter le budget.
Petit
rappel : aux Etats-Unis, il revient au Président de proposer le budget et
le Congrès, par son vote, approuve le financement des opérations
gouvernementales. Cependant, lorsque le Congrès refuse de voter le budget de
l’année à venir en raison d’un désaccord, le gouvernement n‘est alors plus en
mesure de payer son administration, faute de subsides : c’est le shutdown.
Et qu’elle est la
particularité du shutdown de décembre
dernier ?
Samedi
22 décembre dernier, les Etats-Unis sont entrés en période de shutdown. Si la mise en œuvre de cette
procédure n’est pas rare, celui que nous avons connu cette année se distingue
toutefois par sa durée : il aura en effet été le plus long de l’histoire
américaine, dépassant celui de 21 jours, connu sous l’ère Clinton. La cause de
ce blocage ? La construction d’un mur entre le Mexique et les Etats-Unis dont
le Congrès, et plus particulièrement la nouvelle majorité démocrate de la
Chambre des Représentants, refuse le
financement. Donald Trump souhaitait en effet affecter 5,7 milliards de dollars
à la construction de ce mur à la frontière américano-mexicaine de façon à
endiguer le flux migratoire.
Le
shutdown n’est ni plus ni moins que
la résultante d’un bras de fer entre les démocrates, qui considèrent que ce mur
n’est absolument pas nécessaire pour juguler le flux migratoire, et le Président,
qui ayant fait, quant à lui, de la construction de ce mur une promesse de campagne
aux républicains et la pierre angulaire de sa politique migratoire, voulait
asseoir son autorité en ce début de période de cohabitation[1].
Ainsi, 800 000
fonctionnaires ont été affectés par ce blocage, soit qu’ils aient été empêchés
de travailler, soit qu’ils aient dû le faire sans rémunération[2]. S’il me faut bien
admettre ne pas avoir été touchée personnellement par le shutdown, qui se tint
en grande partie pendant le Winter Break,
il n’en n’a pas été de même pour un de mes amis qui m’a confié ne jamais avoir
reçu de réponse à sa demande de stage dans une agence fédérale qu’il
convoitait, en raison de sa paralysie !
Le shutdown est -il terminé ?
Et qu’en est-il de l’édification du mur ?
Le
25 janvier dernier, le Président américain annonçait la fin du shutdown, ce qui pour autant ne mettait
pas un terme à cette political story.
Donald Trump décidait en effet, courant février, de déclarer l’Etat d’urgence, justifiant
ainsi le déblocage de fonds de l’armée pour financer le mur, manœuvre de
contournement du pouvoir législatif. En réponse, 59 sénateurs - dont 12 républicains -
ont voté très récemment en faveur d’une résolution démocrate visant à annuler
cette déclaration d’état d’urgence. Confronté à ce nouveau désaveu, Donald
Trump mettait son veto, il y a
quelques jours et pour la première fois de son mandat, à l’annulation par le
Congrès de l’état d’urgence en déclarant depuis le bureau ovale :
« Le Congrès a la liberté de voter cette résolution, j’ai le devoir d’y
opposer mon veto ».
Affaire
à suivre donc… et j’espère qu’avec ce petit éclairage, vous ne manquerez pas de
vous y intéresser !
Question Bonus : Et
sinon, le LL.M. se passe-t-il bien ?
Génial
! Les images étant toujours plus parlantes que les mots, je laisse aux futurs étudiants
en LL.M. un avant-goût de ce qui pourrait les attendre et, aux anciens, la
reviviscence de souvenirs heureux :
Georgetown
University
|
New York City, Central Park
(qui
n’est qu’à 5 petites heures de bus de Washington D.C.)
|
[1] Lors des
élections du 6 novembre dernier, les démocrates ont gagné la majorité à la Chambre
des représentants tandis que les républicains ont gardé le contrôle du Sénat.
[2] Ces fonctionnaires
sont cependant payés rétroactivement après la fin du shutdown.
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