Saison Berlin - Episode 2: Les élections législatives israéliennes de septembre 2019

Saison Berlin - Episode 2: Les élections législatives israéliennes de septembre 2019 

Par Tali Levy 

Article du 28 octobre 2019




Les élections législatives constituent, tous les quatre ans le moment phare de la vie politique israélienne. En mai 2019 cependant, suite à l’échec de la formation d’un gouvernement de coalition, le parlement bouleversa ce calendrier en dissolvant le parlement et appelant à de nouvelles élections législatives anticipées. Ces élections ont eu lieu le 17 septembre 2019. 

Israel est doté d’un parlement, la Knesset, dont les 120 sièges sont pourvus tous les quatre ans. Le mode de scrutin est proportionnel et la circonscription est nationale. Pour former un gouvernement, le Premier Ministre a besoin d’une majorité de 61 sièges. 

Le seuil électoral étant assez bas, 3,25%, le parlement est composé d’un grand nombre de partis politiques, et les partis dits majoritaires n’obtiennent en moyenne qu’une trentaine de sièges. Le potentiel premier ministre ayant reçu le mandat pour former un gouvernement (généralement le leader de la formation ayant reçu le plus de sièges) doit donc s’allier avec d’autres partis politiques pour former un gouvernement : c’est ce processus qui a échoué en mai 2019

En avril 2019, deux principales formations dominaient la campagne : le nouveau parti Bleu Blanc de Benny Gantz (centre droit) et le Likoud de Benyamin Netanyahou (droite). Le Likoud sort vainqueur, accompagné de bons résultats pour les partis politiques alliés de droite avec qui il tentera de former un gouvernement. Le Premier ministre sortant, B.Netanyahou, était ainsi, pressenti pour être reconduit.   


                               (B.Netanyahou, leader du Likoud)                                                                                   (B.Gantz, leader du parti Bleu et Blanc) 

Cependant, les partis en présence n’ont pas réussi à s’accorder sur la formation d’une nouvelle coalition. B.Netanyahou, A.Liberman (représentant du parti Israel Beytenou, parti laïc de droite nationaliste) et les partis religieux s’opposent sur le projet de loi exemptant les jeunes ultra-orthodoxes et les étudiants en yeshiva (école d’études de la Torah) du service militaire. Ce même projet de loi soutenu par les partis ultra-orthodoxes avait déjà provoqué la chute du gouvernement précédent en décembre 2018 et un recours à des élections anticipées.

Ce désaccord entre partis de droite ne permettant pas de former une coalition avec les partis de gauche, les parlementaires décident de voter dans la nuit du 29 au 30 mai la dissolution du parlement et appellent à de nouvelles élections. 

Les résultats de l’élection du 17 septembre ne permettent cependant pas de mettre un terme à la crise politique dans laquelle se trouve le pays, les résultats étant trop serrés pour obtenir la majorité absolue, bien que le parti Bleu Blanc de Benny Gantz obtienne un siège de plus que le Likoud de Benyamin Netanyahou. 



Le Likoud renouvelle ses accords de coalition avec les partis de droite religieux, ce qui rend cependant impossible l’obtention d’une majorité avec Israel Beytenou, ces deux camps s’opposant toujours sur la loi d’exemption des étudiants de Yeshiva au service militaire.

En position d’arbitre, A.Liberman propose ainsi l’idée d’une grande coalition d’union nationale, réunissant autour de son parti Israel Beytenou, le Likoud et Bleu et Blanc, sans les partis de droite religieuse ni les partis arabes ou de gauche. 
Bleu et Blanc se montre favorable à une alliance avec le Likoud, mais sans Netanyahou, mis en cause dans une affaire de corruption devant amener à un procès attendu en octobre (ce dernier comptant d’ailleurs sur l’obtention d’une majorité acquise à sa cause pour voter un projet d’immunité judiciaire). 

La phase de recommandations au Président Reuven Rivlin d’un Premier ministre a ensuite eu lieu le 22 septembre. La droite religieuse et le Likoud soutiennent Netanyahou, et Benny Gantz a reçu l’appui de son parti, et de ceux à sa gauche: les députés de la liste unifiée, du parti travailliste et de l’union démocratique. Au total, Netanyahou reçoit 55 soutiens et Gantz 54 - tous deux en dessous de la majorité absolue: le président Rivlin appelle ainsi les deux partis à mettre en place un gouvernement d’unité nationale. 

Le 25 septembre, Netanyahou est ainsi chargé de former un nouveau gouvernement, processus difficile étant donné que Benny Gantz refusait de siéger dans un gouvernement en la présence de Netanyahou en raison des accusations de corruption pesant sur lui. Depuis, les négociations se poursuivaient sans parvenir à un accord et ce n’est que très récemment (21 octobre au soir) que Netanyahou a annoncé rendre son mandat, et c’est désormais à son rival Benny Gantz de former un gouvernement. 

Ce dernier devrait se tourner en premier lieu vers le Likoud pour entamer des négociations puis poursuivre les discussions avec toutes les autres factions, y compris les partis ultra-orthodoxes et la Liste arabe unifiée. Il disposera de 28 jours pour former une coalition, et s’il échoue il devra lui aussi rendre son mandat au président.  Les députés auront alors 21 jours pour tenter de réunir 61 signatures parlementaires recommandant un membre de la Knesset pour former un gouvernement.  En cas d'échec, il y aura automatiquement une dissolution du Parlement, et de nouvelles élections seront fixées au début du mois de mars. 

Le point de vue des israéliens: comment est ressentie cette crise politique? 

La Grande Ecole du Droit de Sceaux offre l’opportunité à ses étudiants d’effectuer un « Master of Laws » ou « LL.M » dans le pays étranger de leur choix. Actuellement étudiante à l’université de Tel Aviv, j’ai eu l’occasion de recueillir l’avis d’un grand nombre d’israéliens, aux profils variés: les professeurs de mon LL.M, des nouveaux arrivants ayant fait leur Alyah récemment, des soldats en service militaire… et leur point de vue est similaire à celui décrit dans les médias. Les israéliens apprécient leur système électoral proportionnel, qui permet de représenter toutes les sensibilités de la société (religieux, laïques, droite, gauche, arabes israéliens…). 

En revanche, ils déplorent le blocage que ce système électoral provoque, et sont lassés de la situation: la perspective d’une troisième élection législative génère un certain ennui, d’autant plus que les résultats seront certainement similaires et ne permettront pas une sortie de crise. 









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