Saison Washington - Episode 1 : La nomination de Ketanji Brown Jackson, exemple de l’évolution des États-Unis ou coup d’épée dans l’eau ?
La nomination de Ketanji Brown Jackson,
exemple de l’évolution des États-Unis ou coup d’épée dans l’eau ?
Il semble étonnant qu’il ait fallu attendre 2022 pour qu’une femme noire soit nominée à la Cour suprême des États-Unis.
Depuis la semaine dernière, les médias américains et les réseaux sociaux ont été submergés par les informations. L’une d’entre elles est passée (relativement) inaperçue et ne s’est vu consacrer que quelques articles. Cette nouvelle est pourtant historique.
En effet, Joe Biden, président des États-Unis, a annoncé qu’il nominait Ketanji Brown Jackson comme candidate à la Cour suprême. Si cette nomination est confirmée par le Sénat, elle serait la remplaçante du juge de la Cour suprême Stephen Breyer, qui a annoncé son départ un peu plus tôt dans l’année.
Madame la juge
Jackson semble être la parfaite candidate pour ce poste, puisqu’elle a fait ses
études à l’université d’Harvard (la majorité des juges de la Cour suprême
viennent soit de Yale, soit d’Harvard). Malgré tout, elle n’oublie pas ses
racines et rappelle souvent qu’elle ne vient pas d’un milieu aisé.
Elle vient d’une famille modeste ayant eu comme parents des professeurs dans l’école publique, et a toujours eu des liens avec la justice puisque l’un de ses oncles était le chef de la police de Miami et un autre un lieutenant de police.
Ketanji Brown Jackson est actuellement un juge de la Cour d’appel du District de Columbia, ce qui constitue un avantage puisque de nombreux juges de la Cour suprême sont issus de cette même Cour. Elle est connue pour gérer des sujets de droit administratifs et non pas de sujets sensibles. Elle a, de plus, travaillé pendant plusieurs années pour Stephen Breyer et connaît bien sa manière de penser et la difficulté de prendre certaines décisions.
Cette nomination représente-t-elle l’évolution des États-Unis et de la
Cour suprême ?
Vers une évolution de la Cour suprême ?
Sa nomination est révolutionnaire puisque ce serait la première fois qu’une femme noire est nominée à la Cour suprême des États-Unis.
Cette nomination est censée représenter selon les souhaits du président l’évolution des États-Unis vers un pays plus égalitaire et uni. Après des élections tendues, des contestations farfelues, et des crises internationales, Joe Biden n’a pas eu un début de mandat aisé. Toutefois, beaucoup lui reprochent de ne pas faire assez et de rester un président passif. Ces dernières semaines entre les sanctions infligées à la Russie en réponse à l’invasion de l’Ukraine et les nominations historiques, Joe Biden semble vouloir donner tort à ses détracteurs.
Actuellement, il n’y a pas de femmes noires à la Cour suprême, pas de femmes noires au Sénat, pas de femmes noires gouverneures. Ce choix du Président Biden est donc un changement bienvenu : avoir enfin une femme noire au sein de l’une des institutions les plus puissantes du pays est un choix historique représentant la diversité du pays.
Si Ketanji Brown Jackson est confirmée, la Cour suprême sera certes, toujours sous majorité républicaine (il y aurait en effet six juges républicains pour 3 juges libéraux) mais ces trois juges libéraux seront des femmes, une autre première.
Pour que l’histoire continue de s’écrire, et que ce changement arrive réellement il faut toutefois que Jackson soit confirmée par le Sénat. Beaucoup de démocrates affirment que la nomination de Jackson ne posera pas de problème puisqu’elle a déjà été confirmée par le Sénat lorsqu’elle a reçu son siège à la Cour d’Appel pour le District de Columbia.
S’il est peu probable que
la nomination de Jackson soit bloquée, il n’est néanmoins pas acquis qu’elle se
fasse sans embûches. En effet les républicains, membres du Sénat sont connus
pour rendre les processus de nomination longs et douloureux. Ce processus dure
pendant de longues journées et la vie entière des nominés est questionnée et
épluchée. De nombreux républicains ont déjà annoncé vouloir rendre ce processus
le plus pénible possible et s’opposent ouvertement à cette nomination. Certains
usent même de cette occasion pour récolter des fonds en affirmant que cet
évènement historique est l’exemple même « du désastreux agenda libéral de
Joe Biden » et que ce choix est radical et doit être stoppé.
Un coup d’épée dans l’eau ?
Cette nomination, qui devait être l’exemple même de l’évolution et de l’unité des États-Unis, est tout l’inverse. Bien au contraire, cette nomination permet de mettre en lumière les idées archaïques républicaines fondamentalement opposées aux changements et à l’évolution et leur prédominance au sein du Sénat américain, puisque les républicains s’opposent déjà à Ketanji Brown Jackson uniquement à cause de la couleur de sa peau et de son sexe sans même considérer ses (impressionnantes) compétences et qualités.
Même si elle est
nommée à la Cour suprême, même si ce changement est un pas en avant, la
dynamique de la Cour suprême ne changera pas. En effet, Ketanji Brown Jackson
remplacerait un autre démocrate libéral et non pas un républicain. Il y aura
donc toujours une majorité républicaine à la Cour suprême et il est peu
probable que des décisions libérales soient approuvées et bouleversent le statu
quo actuel.
Il n’y a plus qu’à
espérer que Ketanji Brown Jackson soit approuvée par le Sénat et qu’elle arrive
à faire avancer les positions de la Cour suprême.
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