Saison Lisbonne - Épisode 10 : Le SBA, la révolution des LLM, le beaujolais nouveau et moi.
Ou « les croissants au beurre 2 »
« Mais
mec, moi je ne comprends pas comment tu peux parler d’identité, de la
République française et des problèmes d’évasions fiscales sans d’abord aborder
l’affaire Benzema. Parce que si aujourd’hui la France… » C’est souvent
quand Wassim Mokadem part en roue libre sur des sujets qui n’ont rien à voir notre discussion que je me rends compte que ça commence à faire longtemps
qu’on est à Washington D.C. C’est aussi dans ces moments que je prépare ce que
je vais raconter ici parce que tout est mieux qu’écouter sa théorie sur le lien
entre le football et la politique française.
Bref,
nous sommes déjà au troisième jeudi du mois de novembre, on a donc fêté
l’arrivée du beaujolais nouveau, ou comme j’aime l’appeler affectueusement, le
bojojo. Ce vin de primeur est mis en vente dans le monde entier à la même
période, et on en profite pour faire la fête et boire avec modération. C’est
ainsi que vendredi dernier je me suis retrouvé à l’ambassade de France à
Washington D.C. pour faire don de ma personne en servant en tant que bénévole
barman à cette joyeuse fête. Si je suis allé me faire exploiter le temps d’un
soir, ce n’était pas pour me préparer à ma carrière d’avocat, mais plutôt pour
sortir de la routine qui s’était installée à GW et quitter un peu l’ambiance
révolutionnaire qui y régnait.
Dans la vie, il y a ceux qui aiment les jolies filles et ceux qui aiment le beaujolais. |
En
effet, depuis la rentrée, rien ne va pour les étudiants en LL.M. à GW. D’abord,
le Student Bar Association (SBA), qui
fait office de BDE, a été particulièrement hostile envers les étudiants
internationaux. Et je ne dis pas ça parce qu’ils ont sanctionné mon association
étudiante de trois « violation
points ».
Pour comprendre ce que c’est le SBA exactement, il faut imaginer des étudiants en droit prétentieux et carriéristes qui organisent un véritable gouvernement, un sénat et une autorité judiciaire etc. pour diriger les associations étudiantes. Le SBA est la seule organisation étudiante avec la personnalité morale. Les autres associations étudiantes ne peuvent donc pas ouvrir de compte en banque ou contracter avec les tiers. Bref, les asso dépendent entièrement du SBA et doivent respecter les règles sous peine de ne pas avoir d’argent. J’ajouterai aussi que l’allocation de fonds se fait chaque année en septembre selon les discussions qui ont lieu au printemps précédent donc pour les nouvelles asso de LL.M., on peut faire une croix dessus. Il faut donc plaider projet pour projet pour avoir droit à ses p’tits sous de manière ponctuelle via l’allocation de fonds ad hoc. C’est assez irritant.
Ça a
assez énervé les étudiants internationaux d’avoir toutes ces règles et d’être
traités comme des enfants, alors que la plupart ont entre 25 et 40 ans (je ne
parlerai même pas des restrictions sur la consommation d’alcool dans cet
article, mais si vous voulez en savoir plus je vous invite à faire un tour sur
mon skyblog).
À cette vie étudiante assez décevante s’ajoute une administration peu compréhensive qui favorise les étudiants américains. Beaucoup de cours, séminaires, programmes, stages ne sont disponibles que pour les américains, ou alors ils sont placés devant les LL.M. dans les listes d’attente. Ce statut d’étudiant secondaire a rapidement énervé les étudiants internationaux. Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est sûrement la fausse rumeur selon laquelle le budget dédié aux étudiants LL.M. avait été donné aux étudiants américains. Qui a lancé cette rumeur ? On l’ignore. Mais on raconte que ce lanceur d’alerte à la fois jeune et robuste ne se laisse pas plier tels les roseaux de Konoha, véritable anti-héros tel Zorro Roronoa*. Il y a donc eu une grande réunion avec les étudiants en LL.M. et les représentants de l’administration pour débattre de ce qui pourrait être fait pour que les LL.M. se sentent moins persécutés à GW.
À cette vie étudiante assez décevante s’ajoute une administration peu compréhensive qui favorise les étudiants américains. Beaucoup de cours, séminaires, programmes, stages ne sont disponibles que pour les américains, ou alors ils sont placés devant les LL.M. dans les listes d’attente. Ce statut d’étudiant secondaire a rapidement énervé les étudiants internationaux. Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est sûrement la fausse rumeur selon laquelle le budget dédié aux étudiants LL.M. avait été donné aux étudiants américains. Qui a lancé cette rumeur ? On l’ignore. Mais on raconte que ce lanceur d’alerte à la fois jeune et robuste ne se laisse pas plier tels les roseaux de Konoha, véritable anti-héros tel Zorro Roronoa*. Il y a donc eu une grande réunion avec les étudiants en LL.M. et les représentants de l’administration pour débattre de ce qui pourrait être fait pour que les LL.M. se sentent moins persécutés à GW.
Voilà,
ça c’était la partie journalisme d’investigation de l’article. Personnellement,
je me suis fait à la situation à GW et j’ai vite adopté une petite routine avec
mes petits trajets, mes petites courses, mes petites relations épistolaires et
mon petit casier décoré avec des photos de mes copains.
Mon casier "so fetch" avec des souvenirs de France. |
Tout ça pour dire que GW reste une Law School très professionnelle. Pour faire la fête en LL.M. à D.C., je conseille Georgetown University, c’est juste un peu plus cher**.
Tandis
que Santiago vit un LL.M. à 100 à l’heure entre readings et soirées endiablées,
moi je suis plus dans une routine casanière où les readings sont plus qu'optionnels. « Mais mec t’es un malade, comment tu fais quand t’es
interrogé ? » me demande Wassim tous les vendredis matin***. Wassim a
raison, il vaut mieux faire ses readings parce qu’ici dans la plupart des cours
on peut être sûr d’être interrogé sur ce qu’il y avait à lire. Heureusement,
j’ai une botte secrète. Quand on m’interroge et que je ne connais pas la
réponse, je fais mine de réfléchir et je dis d’un air convaincu :
« to make more money ». Je ne sais pas si c’est parce qu’on est dans
la capitale du capitalisme, mais c’est souvent la bonne réponse.
Ce qui est bien avec ma botte secrète, c’est que ça me permet de gagner du temps pour faire autre chose que préparer mes cours, et notamment : des croissants. J’ai fait une première tentative de croissants au beurre qui étaient très bons, mais juste un peu épais (ils avaient plus la consistance d’un sablé). Mon objectif de l’année en pâtisserie étant presque atteint, j’ai décidé de me donner un vrai défi : réaliser une pièce montée. Donc si vous avez un proche qui a un mariage vers mai ou juin, je suis tout à fait disponible.
Mes croissants au beurre à la sortie du four. |
Mais
attention, ne pensez pas que je passe ma vie dans la cuisine. Je suis enfin
allé à la Cour Suprême des États-Unis. Pour aller voir des avocats se faire
humilier devant les Justices, il faut se lever tôt mais genre vraiment tôt. Pour
certaines affaires, les gens passent la nuit sous une tente pour être sûr de
pouvoir rentrer. Heureusement, je m’y suis rendu pour l’affaire la moins
intéressante de l’année donc j’ai pu m’y rendre assez tard (7h…). Je n’ai rien
retenu de l’affaire qui état débattue malheureusement parce que j’étais tout au
fond de la salle avec des nerds de droit constitutionnel qui commentaient
chaque punchline des justices, mais ce n’est pas si grave car si j’y suis allé,
c’est avant tout pour faire du NETWORKING.
A
Washington D.C. c’est le mot d’ordre. Tout événement est bon pour networker,
c’est limite si les gens n’échangent pas leur carte de visite en urinant dans
les toilettes de la fac. Toujours est-il qu’il faut jouer le jeu pour profiter
à fond de son LL.M., et là, j’étais parti en quête de stage à la Cour Suprême
avec mes cartes de visite. Quand vous voulez donner votre carte de visite, il
peut se passer trois choses. D’abord, vous pouvez réussir à donner votre carte
mais on ne vous recontactera jamais. Ensuite, vous pouvez réussir à faire un
échange de cartes, et là c’est bénef parce que vous pourrez harceler votre
cible. Enfin, si vous n’avez pas de chance, on vous demandera ce que vous
pensez de la directive européenne DSP2 et de son impact disruptif sur les
établissements bancaires, vous direz « euh… to make more money » et
on vous rendra votre carte.
Mais
ne vous arrêtez pas à votre premier échec ! Dans le networking on commence
d’en bas, comme dans la cuisine. De plus, les autres avec moi à Washington ont
tous beaucoup de succès dans les réseaux professionnels, et c’est un honneur
pour moi de me présenter comme « Tom, le pote de Camille et Eva**** ».
Bref, vous pouvez compter sur votre réseau GED (ou autre) et sur les alumni pour vous filer un coup de pouce
dans votre networking*****.
C’est
tout pour moi aujourd’hui mais je vous dis à très bientôt si Santiago ne
m’empêche pas d’écrire à nouveau sur ce blog.
T. Guél -
LL.M in Business and Financial Law, George Washington University.
LL.M in Business and Financial Law, George Washington University.
*c’était
moi
**60 000
dollars plus cher dans mon cas
***quand
je viens le vendredi matin
****Je
ne peux pas prétendre être une relation de Wassim, son réseau est entièrement
féminin
-->
*****Mai
Le Van est connue de tous à Washington
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