Saison Lisbonne - Épisode 7 : Corcaigh, ou l'aventure en terre gaélique

Dia duit!

Je m’appelle Mathilde et mon amour pour l’environnement et les pubs m’ont menée à Cork, ville portuaire au sud de l’Irlande, pour y suivre le LL.M en Environmental Law and Natural Resources.  Le but de cet article est de faire une petite présentation de la ville de Cork, mes coups de cœur et mes déboires (il en faut toujours pour que ce soit drôle).

1.     Cork : ville portuaire trop populaire

Trouver un logement à Cork relève du challenge. En effet, la ville est animée par deux pôles universitaires, à savoir UCC et CIT (Cork Institute of Technology), qui permettent à nombre d’étudiants internationaux de venir s’y installer. Conséquence : une crise de l’immobilier, avec plus d’étudiants que de logements pour les accueillir.

Ainsi, les demandes pour s’inscrire aux logements étudiants sont closes en avril (alors même que l’on n’a pas encore reçu notre lettre d’acceptation, tout est parfaitement logique et normal). Par ailleurs, les escroqueries sont nombreuses, et j’ai pu en faire les frais[1]. Mais tout le monde parvient à se loger donc no worries, ce n’est pas si dramatique. Il faut juste s’y prendre assez tôt.

Conseil : si vous avez fait le (bon) choix de venir à UCC, commencez à rechercher un logement dès que vous avez reçu votre lettre d’acceptation et obligez le bailleur à vous faire une visite par Skype du logement. Ça vous sauvera du temps et de l’argent.

Pour vous parler un peu plus de la ville, ce qui est surprenant à Cork, c’est l’omniprésence du gaélique, que ce soit sur les panneaux de signalisation, les affiches publicitaires, à l’université, au McDonald’s... Le gaélique est partout. Nombreux sont d’ailleurs les étudiants étrangers qui apprennent cette langue, enseignée aux natifs dès l’école primaire. De même que dans certains endroits, vous ne trouverez pas de traduction en anglais. Il faudra donc être sûr de bien interpréter les pictogrammes (référence subtile aux cours de philosophie du droit, coucou les GED 4).

Je ne vais pas m’attarder sur la nourriture irlandaise, qui n’est pas substantiellement différente de la française, si ce n’est qu’ils mettent des petits pois et des pommes de terre (sous toutes leurs formes) dans tous les plats : la crise de la patate, ce fut un assez big deal là-bas. Vous trouverez toutefois des mets assez originaux, tels que les tourtes, le pudding (dans certaines régions, le nom fait référence à un dessert ; ici c’est du boudin noir), le porridge ou encore le panais (sorte de carotte blanche à l’allure assez douteuse).

Logistiquement parlant, la ville de Cork est bien plus petite que celle de Dublin et beaucoup plus agréable. Si vous aimez marcher, tout peut se faire à pied. La ville est parfaitement adaptée et vous promet de belles promenades à pied ou à vélo au bord du fleuve Lee.




Pour les férus de culture, la ville regorge de musées et d’églises magnifiques.  Il y a de nombreux monuments à visiter, que ce soit dans le centre ou en banlieue, et le superbe port maritime de Cobh est seulement à une vingtaine de minutes du centre.



Autre sujet : si vous aimez les défis, je vous informe que les habitants de Cork sont réputés pour avoir un accent incompréhensible. Il m’est impossible de vous donner le nombre exact de fois où j’ai écouté, sourire aux lèvres, une personne me parler sans comprendre un seul mot de ce dont il/ elle pouvait bien parler. Cependant, les gens sont d’une gentillesse incroyable. Quand dans la capitale française, les gens se ruent pour être les premiers assis dans le métro, vous poussent dans la rue, vous regardent comme si vous étiez dérangé/e quand vous leur souriez, ici c’est complètement l’inverse. Ayant personnellement un sens de l’orientation sous-développé, je peux vous assurer que les gens se pressent pour vous aider dès qu’il voit une lueur d’inquiétude percer dans vos petits yeux de français perdu.


Petite anecdote : lors de mon premier trajet pour aller à l’Université, une petite bande de personnes âgées est montée dans le bus et m’a donné des accolades en souriant pour me saluer (ils m’ont certainement dit autre chose, mais l’accent, vous comprenez.....). État d’hébétude total de ma part avec un soupçon de suspicion. Je comprends au fil des jours que c’est un rituel quotidien, et que tout le monde se salue sans nécessairement se connaître. Je sens que ce LL.M va être une retraite spirituelle pour me permettre une introspection sur ce qu’a été ma vie jusqu’à maintenant.

2.     L’université de Cork : Coláiste na hOllscoile Corcaigh




L’université de Cork est un pilier de la ville, et rayonne par son prestige et son ancienneté. Elle accueille de nombreuses expositions temporaires ainsi qu’une église, dans laquelle il est tout à fait possible de se marier (quoi de plus romantique si vous rencontrez votre âme sœur sur les bancs d’amphi !).



Énorme et agréable changement par rapport aux universités françaises : la liste gargantuesque des clubs de sports et societies (associations) qui sont répertoriés dans un catalogue aussi épais que la collection des nouveaux meubles d’Ikea.

Tandis que les associations de sport sont nombreuses, mais classiques (j’ai choisi boxe anglaise et kickboxing), les societies brillent par leur diversité. Parmi les plus farfelues : la Simpsons Society (pour ceux qui adorent l’émission, c’est projection tous les lundis soir avec pizza offerte), la Hot Beverage Appreciation Society (si vous avez une passion pour le chocolat chaud ou le thé), sans oublier la Harry Potter Society, célèbre notamment puisqu’elle réalise en live la cérémonie du choixpeau afin de répartir chaque étudiant dans une des quatre maisons de Poudlard (honnêtement, ça devrait être un argument à part entière dans votre Personal Statement pour intégrer l’université).


Pour ma part, j’ai rejoint la Feminist Society (j’ai d’ailleurs assisté à un afterwork pour déterminer si les personnages du film Lolita Malgré Moi étaient ou non des icones féministes), la Law Society, l’Environmental Society et l’International Relations Society, qui permet d’assister et de participer à des simulations des débats de l’ONU (Model United Nations).

Autre surprise : il y a un pub dans la fac, qui sert des pintes et des cocktails, à des prix défiant toute concurrence et à toute heure de la journée. Il est donc possible de profiter de la vie à Cork sans quitter l’Université (mais dans ce cas, vous n’avez rien compris).

Dans le prochain épisode de mes aventures en terre gaélique, je vous parlerai des modules de mon LL.M en droit de l’environnement. Slán agat !

Mathilde Lacaze-Masmonteil





[1] J’avais trouvé sur le site daft.ie (référence en matière de logement en Irlande) une petite maison proche du centre-ville que j’étais supposée partager avec une étudiante brésilienne. Telle ne fut pas ma surprise lorsque, arrivant mi-août pour m’installer, je découvre : 1) un taudis ; 2) que je devrais partager la maison avec un homme d’une quarantaine d’années originaire d’Europe de l’est, dont la chambre était collée à la mienne et avec qui je devais partager la salle de bain. Dès ce moment commence un rush frénétique pour trouver un plan de secours, et c’est en visitant l’UCC que je tombai sur une petite annonce comprenant mon logement actuel.

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