Saison Lisbonne - Épisode 14 : Un LL.M. en droit de l'environnement : make our planet great again.
« Ah
tu veux faire du droit de l’environnement ? C’est intéressant mais ça ne
paiera pas les factures, ma fille ».
Voici
un extrait de la réaction de ma mère lorsque je lui ai triomphalement annoncé avoir
enfin trouvé ce que je voulais faire dans ma vie. C’est une réaction normale à
vrai dire, pour plusieurs raisons. Déjà, le droit de l’environnement étant
assez récent, les opportunités se développent progressivement. Très populaire
chez les ingénieurs, le développement durable a mis du temps avant de trouver
une place dans le monde juridique. Surtout, les défenseurs de l’environnement
sont le plus souvent des citoyens (par le biais d’actions de groupe) ou des
associations de défense de l’environnement, qui ont assez peu de ressources. Les
défendre vous fera très certainement gagner moins d’argent que faire de la
fusion-acquisition. Tout va dépendre de vos clients (gros industriels ou
citoyens activistes).
Mon objectif est ici de démontrer que faire des études
en environnement, dans le cas présent sous la forme d’un LL.M., peut s’avérer
particulièrement bénéfique pour votre carrière, peu importe la voie
professionnelle que vous entendez emprunter.
Un LL.M. en Environmental Law, c’est quoi et pour qui ?
Commençons
simplement : pendant votre année de LL.M. en droit de l’environnement vous
seront enseignées tout un tas de matières liées à la protection de
l’environnement (« ah booon ! »), à l’utilisation optimale des
ressources, et à la conciliation entre économie, droits sociaux et écologie.
Cela paraît simplet, mais nous vivons à
une période charnière, dans laquelle les ressources sont surexploitées
et la pollution endémique. Connaître son environnement et apprendre à vivre de
façon vertueuse devrait être une préoccupation pour tous.
« The doomsday clock of climate change is ticking ever faster
towards midnight ».
– Prince
Charles
Que
vous souhaitiez poursuivre une carrière en droit de l’environnement et du
développement durable, ou maintenir la voie en droit des affaires, avoir des
notions dans ce domaine est indispensable. Effectivement, de plus en plus
d’entreprises intègrent dans leurs structures des préoccupations
environnementales, par le biais de la responsabilité sociale des entreprises
(RSE), la diffusion de chartes éthiques ou voire même l’ouverture de
départements consacrés précisément à leur développement durable. Les efforts
sont déployés par les entreprises pour tenter de refléter une image
« verte » et plaire aux consommateurs.
De plus
en plus d’entreprises font appel à des experts en droit de l’environnement pour
s’engager dans une voie vertueuse. Les consommateurs deviennent progressivement
plus avisés, et tournent de plus en plus le dos aux productions néfastes pour
l’environnement. Il y a donc un recours important à des professionnels du
domaine. Ce secteur n’est pas bouché comme certains le laissent entendre, il
est justement en pleine expansion.
Perspectives professionnelles
Oui, on
peut étudier le droit de l’environnement sans finir zadiste ou danseur en
sarouel place de la République. De nombreux métiers sont axés sur le droit de
l’environnement et les opportunités en la matière prolifèrent. Parmi
elles : avocat en droit de l’environnement ; conseiller en
développement durable ; juriste dans une entreprise type Veolia, GDF Suez,
ENEDIS.... ; juriste dans le secteur RSE d’une entreprise non axée sur
l’environnement ou les ressources naturelles ; intégrer une ONG de
protection de l’environnement ; intégrer une agence de protection de
l’environnement ; travailler dans un ministère chargé des questions
écologiques...[1] Les
opportunités sont nombreuses et adaptées à tous les profils.
Structure d’un LLM en Environmental Law
Les
contenus sont assez similaires d’une université à une autre. Je vais néanmoins détailler
mes cours à la University College Cork (UCC) pour que vous puissiez avoir un
aperçu clair du format d’un LL.M. en droit de l’environnement (et si possible
vous convaincre de rejoindre ce fabuleux LL.M.).
1. Les matières obligatoires
Les
matières qui me sont enseignées sont :
-
Planning Law : une sorte de droit de
l’urbanisme, qui appelle à une réflexion sur la manière dont le droit de l’UE
est incorporé en Irlande et dans les autres pays, notamment en matière de
développement urbain.
-
Environmental Law in
Practice /
Method in Environmental Law : Ces
cours demandent beaucoup d’esprit critique sur la manière dont est appliqué et
respecté le droit de l’environnement au sein de l’UE. Ils sont enseignés par
des pontes en matière environnementale (Aine Ryall est l’une des 10
membres du Aarhus Convention Compliance
Committee, qui étudie les cas dans lesquels un pays ne respecterait pas ses
obligations en matière environnementale).
-
Natural Resources Law : Ce cours permet d’identifier
le cadre juridique des ressources naturelles (extraction pétrolière, fracture
hydraulique...) et soulève plusieurs questions sur les avancées technologiques
en relation avec le principe de précaution, la souveraineté des États sur leur
ressources, les grands principes du développement durable (équité, utilisation
optimale des ressources...).
-
International Environmental Law / International Biodiversity and Ecosystems Law and Policy : Il
s’agit des études théorique et pratique sur la manière dont les États et la
Cour de Justice Internationale appliquent le droit de l’environnement. Il va
surtout s’agir de comprendre les grands principes du droit de l’environnement
(notamment les principes coutumiers)
-
Marine Environmental Law : droit de la mer et des fonds
marins.
Le
droit de l’environnement enseigné dans à UCC est très axé sur le droit européen
et le droit international, assez peu sur l’Irlande. L’explication ?
L’Irlande est le plus mauvais des 28 pays de l’UE en terme de signature/ratification
et d’application des traités. C’est en réalité assez intéressant puisqu’être au
cœur d’un pays aussi peu avancé en matière environnementale permet de
développer un sens critique très développé.
Pour
résumer, les principaux enjeux en matière de droit de l’environnement
sont : comment conjuguer protection de l’environnement et développement
économique ? Toute la question se trouve dans l’équilibre à trouver
dans ces deux piliers du développement durable, et donne du fil à retordre lors
de l’élaboration des lois et traités !
Si vous
souhaitez maintenir une étude du droit des affaires dans votre cursus, vous
pouvez choisir des matières orientées sur le droit de la concurrence telles que
Issues in EU Competition Policy ou
Anti-Trust Law.
Si au
contraire vous être plus sensible aux droits de l’Homme, vous pourrez suivre
les cours de International Human Rights
Law et Human Rights Law in Practice,
qui offrent une vision assez concrète des actions et de l’efficacité de l’ONU
en matière de protection des droits de l’Homme. Ces cours sont excellents et
interactifs, et permettent de découvrir les cadres juridiques internationaux
pour la protection de minorités ou encore la prévention des désastres
climatiques.
Certains
cliniques juridiques sont également proposés, sur les thèmes de : Cybersecurity, Global Maritime Security ou Law
of the Sea. Attention au nombre total de crédits à ne pas dépasser, les clinics en comptent beaucoup plus que
les séminaires.
3. La dissertation
La partie la moins fun du LL.M. Suivant votre
spécialisation et votre université, vous allez devoir rédiger un mémoire sur un
sujet précis, lié à votre cursus. Ce type de devoir doit comporter 15000 mots
(environ 30 pages), mais certaines universités peuvent en demander plus (une
petite pensée pour notre ami Adrien qui doit rendre 60 pages sur « la data
des réseaux sociaux partagées avec les développeurs à travers des APIs »).
Les
petits malins chercheront à traduire leur mémoire français. Fausse bonne
idée : il vaut bien mieux étendre ses compétences dans plusieurs domaines
du droit de l’environnement, surtout si vous ne savez pas encore ce que vous
voudrez faire plus tard (aussi, les recruteurs vont réaliser en lisant deux
titres pareils sur votre CV que vous êtes un gros flemmard).
Personnellement,
je fais ma dissertation sur la
manière dont les grands principes du droit de l’environnement peuvent permettre
de réduire les risques de catastrophes naturelles.
N’hésitez
pas à me contacter sur Facebook pour plus de précision sur mon programme (ou si
vous m’avez trouvé un stage, ce serait cool aussi).
Mathilde
Lacaze-Masmonteil,
LL.M. in
Environmental Law, University College of Cork, Ireland.
[1] Je cherche un stage please
donc si vous connaissez des gens dans les domaines mentionnés, faites moi signe
merci J !
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