Saison Lisbonne - Épisode 17 : Glasgow, deux universités, deux LL.M.


Lors de notre premier article au semestre dernier, nous vous avions présenté la ville de Glasgow dans son ensemble.

Afin de vous donner une vision complète d’une année de LL.M. à Glasgow, nous évoquerons dans cet article nos programmes de LL.M. respectifs au sein de deux universités différentes : l’université de Strathclyde et l’université de Glasgow.



University of Strathclyde

L’université de Strathclyde, aussi connu sous le nom de « The place of Useful Learning », est basée à Glasgow, city center. Fondée en 1796, l’université comprend désormais environ 21 500 étudiants dont 6500 postgraduates. Le campus est composé de quatre départements : Engineering, Humanities and Social Sciences (dont fait partie la Law School), Science, et Business.



Law School 

Plus d’une dizaine de LL.M. sont proposés par la Law School, en voilà quelques exemples : general LL.M., International relations, Law and Security LL.M., Climate and Energy Law LL.M., Internet Law and Policy LL.M. Les LL.M. ici ne font pas exception à la règle : un emploi du temps léger mais une charge de travail importante en amont.

Les différents programmes à Strathclyde comportent de petites promotions dont une majorité d’internationaux, mais étrangement assez peu de français. 



Mon LLM

Mon premier semestre : cours de propriété intellectuelle, e-commerce et legal research. Ayant déjà pris les cours d’IP à Sceaux, je possédais déjà quelques bases, mais ce module m’a permis d’acquérir de solides connaissances, chaque lecture requérant des readings de plus de 150 pages et des présentations individuelles.

Concernant, le E-commerce, je m’attendais à beaucoup de théorie et de contrats, mais le module s’est avéré très interactif, avec beaucoup d’activités pratiques, et axé sur les sujets innovants avec la participation de nombreux guest speakers. On a par exemple abordé les thèmes des blockchains et des intelligences artificielles.

Au second semestre : Privacy, Telecoms Law et Surveillance Technology and Crime Control. Le cours de privacy est incontournable en IP/IT se concentrant principalement sur l’étude du nouveau texte européen en la matière : le RGPD (Règlement général sur la protection des données).

Dans les couloirs de Community Safety Glasgow.

J’ai ensuite décidé de suivre le cours de Telecommunications Law qui donne une approche globale du système des télécoms au Royaume-Uni et plus généralement en Europe. 

Mon dernier choix s’est porté sur le cours de Surveillance Technology and Crime Control, la plus surprenante des matières que j’ai pu étudier pour l’instant. Dans le cadre de ce cours, nous étudions l’impact des nouvelles technologies en matière de surveillance et leur régulation, un combiné entre 1984 et Black Mirror. Nous avons par exemple étudié les possibilités liées à la reconnaissance faciale, mais ça je vous le réserve pour un prochain article...

Le LLM organise de nombreux événements parallèlement aux lectures. Lors du module de E-commerce, nous avons eu la chance d’avoir une introduction à la blockchain par le responsable du secteur Fintech chez Pinsent Masons. Le professeur de surveillance nous a organisé deux visites : le Glasgow CCTV monitoring center et le G4S Electronic Monitoring Center (qui contrôle les 1500 bracelets électroniques placés sur les délinquants et criminels en Écosse). La semaine dernière nous avons visité les bureaux de la CCTV. C’était une visite très intéressante, mais assez perturbante quand on s’aperçoit des capacités de surveillance disponibles par les autorités.


Pour les examens, cette année je n’ai pas de réels examens sur table, mais des essays. Généralement, deux essays par cours : un à mi-semestre et un à la fin du semestre. Je devrai également rendre un mémoire final de 15 000 mots durant l’été. Si vous êtes un adepte de la BU, vous devriez trouver votre bonheur ici : bibliothèque sur 5 étages (vous aurez toujours une place), ouverte de 7h à minuit en temps normal et 24h/24 en période d’examens.

De nombreux événements sont organisés également, plus généralement à la Business school. Jamais un jour sans un lunch event, un workshop ou encore network cocktail. 

Il y a quelques semaines, durant un lunch event, j’ai rencontré le co-fondateur de Brewgooder, une start up écossaise vendant de la bière et dont une partie du profit sert à faciliter l’accès à l’eau en Afrique. 

Marianne Rodde

University of Glasgow

Fondée en 1451, l’université de Glasgow est la quatrième plus ancienne du monde anglo-saxon. Elle a contribué à de nombreuses avancées scientifiques, économiques et philosophiques, notamment durant la période des « Lumières écossaises ». L’université a compté parmi ses rangs, en tant qu’étudiants ou professeurs (parfois les deux), de grandes personnalités : Adam Smith, Albert Einstein, Lord Kelvin, James Watt, James McGill (fondateur de l’université du même nom), 7 prix Nobel, des premiers ministres, et j’en passe.


Bon, ça c’était pour la partie Wikipédia. Néanmoins, à chaque fois que je parcours les couloirs de la fac, c’est toujours aussi plaisant de me dire que j'étudie dans une institution chargée d’une telle histoire.

Appréciez la grisaille glaswégienne !

Avec plus de 25 000 étudiants, je vous admets que trouver une place à la BU peut vite devenir un parcours du combattant. Malgré ses 12 étages et ses horaires à rallonge (ouverte de 7h à 2h du matin, et 24h/24 en période d’examen), la bibliothèque est toujours remplie.

Enfin, le campus de l’université s’étale sur tout un quartier. J’ai passé les deux premières semaines à chercher mes salles de cours, téléphone en main, sur Google Maps. C’est assez perturbant quand on est habitué à notre bon vieux Bât’ B de 4 étages à Jean Monnet. Ceux qui me côtoient connaissent ma ponctualité légendaire, eh bien sachez qu’avec autant de bâtiments, d'étages et de salles différentes, ça ne s’arrange pas du tout …

Comprenez-vous mon désarroi ... ?

Le programme de LL.M.

L’université de Glasgow propose 8 programmes de LL.M. et un peu plus d’une vingtaine de cours différents. Il y a un peu de tout, de l’IP au droit de la concurrence, en passant par du droit financier ou des cours sur le droit des conflits armés et les droits de l’Homme.

Le format d’enseignement est le suivant : 4 cours au choix, trois parmi son programme de LL.M. et 1 parmi n’importe quel programme. Vous pouvez donc faire un LL.M. en International Commercial Law et choisir un cours sur le Droit de l’ONU pour le côté funky.

15 seminars de 2 heures par semaine constituent mon année, avec des readings de 50 à 150 pages par cours et par semaine... Chaque cours est évalué par un examen final en fin d’année (75%) et un essay (25%). Enfin, 33% de la note de LL.M. repose sur un mémoire à rendre pour la fin du mois d’août. Il peut arriver de devoir rendre d'autres devoirs écrits, présentations orales, ou encore réaliser des moot courts.

Comme dans tout LL.M., les profs sont beaucoup plus accessibles et n’hésitent pas à sortir du cadre purement académique de leurs enseignements. Mon professeur de droit financier est un féru de cryptomonnaies, de fintechs et de blockchain. Un des professeurs de droit de la concurrence, auparavant gérant de bar (ne vous arrêtez pas à cette anecdote, il est extrêmement compétent), a organisé sa réunion de rentrée dans un pub et a payé la tournée aux étudiants. Bref, c’est un autre environnement.

Il arrive que des intervenants, praticiens ou universitaires, viennent aborder un thème en particulier lors de certains cours, ou lors de conférences organisées par la School of Law (dans ce dernier cas ça tourne souvent autour des droits de l’homme et l’IP).

La School of Law organise également une law fair en début d'année, qui réunit plusieurs professionnels du droit venant à la rencontre des étudiants. En réalité, c'est surtout utile si vous souhaitez travailler au Royaume-Uni par la suite, ou si vous voulez récupérer des goodies plus ou moins surprenants offerts par les cabinets.

Enfin, différents événements sont organisés par la School of Law en général, et pour les étudiants en LL.M. plus particulièrement. Par exemple, en mars prochain, une sortie est organisée au Parlement écossais et à la Cour suprême écossaise. La semaine d’orientation des LL.M. se déroule quant à elle dans une distillerie de whisky et au Loch Ness (eh oui, vous êtes bien en Écosse).


Quoi de mieux que "l'amitié liquide" pour se faire des copains en LL.M. ?

Les associations

Quelle que soit votre destination de LL.M., vous aurez la chance de pouvoir vous investir dans un nombre impressionnant d’associations. Il y en a vraiment pour tous les goûts :
  • Les plus classiques : club d’échec, de débat, de finance ou d’économie, de droit, de théâtre, de photographie, TedX, Amnesty, des asso en fonction des nationalités et cultures…
  • et les plus atypiques... : « Pole dancing club » si vous envisagez une reconversion dans le strip-tease, « Bad Movie Society » pour regarder des films de piètre qualité puis débattre sur la nullité du film (concept génial, c'est mon asso préférée perso), « Marxist Society » si vous aimez la France Insoumise, la « Cheese & Wine » society ou les clubs de gin et de whisky si vous êtes un bon vivant ...
En dehors des associations, il y a deux « student unions » et un club uniquement pour les étudiants en postgraduate, qui ont chacun leur propre bâtiment, leur propre cafétéria et leur propre bar (mention spéciale à la Glasgow University Union et son pichet de 3L à £9). Ils organisent un grand nombre d’évènements pour tous les étudiants de l’université.

Il existe également l’association sportive (dans laquelle on fait vraiment du sport hein), qui regroupe une quarantaine de clubs de sports différents : c’est l’occasion pour vous de découvrir un nouveau sport.

Journée Fight Club organisée par le club de boxe thaï de l'université,
au beau milieu de la salle de débat de la Glasgow University Union.
Bon si je vous parle de tout ça, c’est qu’à mon sens, il est essentiel de participer à la vie associative de votre université en LL.M. Premièrement, nous n’avons pas la même chance en France d’avoir une vie étudiante aussi riche et diversifiée (désolé l’AS et le Move). Deuxièmement, cela vous permet de rencontrer des personnes en dehors du cercle juridique, et ce n’est vraiment pas plus mal. Troisièmement, cela vous permet d’élargir vos horizons, de découvrir de nouvelles choses et de cultiver vos centres d’intérêts.

J’ai personnellement rejoint l’Adam Smith Economics Society, le Glasgow University Trading and Investment Club, et enfin la Glasgow University FinTech Society.

Cette dernière society illustre parfaitement mon propos. En septembre dernier, en me baladant dans la Business School, je suis tombé par hasard sur cette association qui venait tout juste d’être créée et qui cherchait des membres. J’ai expliqué au président de l’association que je réalisais un mémoire sur les FinTechs, et que j’étais donc intéressé pour les rejoindre. J’ai eu la chance de participer à l’organisation de la première conférence de l’association portant sur les ICOs (Initial Coin Offering), les cryptomonnaies et les blockchains. Étant le seul étudiant en droit, j’ai présenté la régulation des ICOs devant un amphi plutôt rempli, en anglais : et là on dit merci les softskills de prise de parole en public et mon stylo bic. 

D’ailleurs, Marianne a pu assister à cette conférence car elle réalise son mémoire de M1 sur les blockchain (comme quoi la rivalité entre UoG et Strathclyde n’est pas totale…).

La fine équipe de geeks

Cette semaine est organisée la quatrième conférence autour de l’éthique et le cadre juridique des FinTechs, au cours de laquelle deux avocats spécialisés dans les FinTechs interviendront. Une belle occasion de networker et de discuter de mon sujet de mémoire.

Santiago Ramirez

Conclusion

Avec les universités de Glasgow et de Strathclyde, la ville de Glasgow propose une multitude d’options pour réaliser votre LL.M. Le cadre dynamique, aussi bien de la ville que des universités, permet de tirer profit au maximum de son année, grâce aux cours, conférences, événements d’associations et autres.

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions à propos de nos LL.M., de la ville de Glasgow, ou comment aller à Mango !


Marianne Rodde, LL.M. in Internet Law and Policy, University of Strathclyde,
Santiago Ramirez, LL.M. in Corporate and Financial Law, University of Glasgow.



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