Saison Prague - Episode 10 : Mémoire de recherche ou thesis ?
Mémoire de recherche ou thesis ?
Entre les deux, il n’y a qu’un pas
Par Hakima Keddache
L’une des particularités du programme proposé par la Grande Ecole du Droit (GED) est la rédaction d’un mémoire de recherche de droit comparé lors du LL.M., permettant l’obtention parallèle d’un Master 1 en Droit des affaires. Ce mémoire est rédigé en complément des cours de Master 1 anticipé, validé en troisième année de licence dans le cadre du diplôme d’université d’Etudes Juridiques Comparatives et Internationales (DU EJCI). Pour ma part, dans le cadre de mon LL.M. en European Economic Law à l’Université de Tilburg (Pays-Bas), je dois également rédiger un second mémoire – le fameux « thesis ».
Le thesis n’est pas toujours de mise en LL.M., il n’est parfois qu’optionnel selon les programmes et les universités. Aux Pays-Bas, la rédaction d’un mémoire en niveau master est de principe. Je n’ai donc – malheureusement ? – pas pu y échapper. Parler de mes mémoires à mes camarades de LL.M. me vaut souvent des regards surpris, voire effrayés. Et pourtant, avoir un premier mémoire en cours de rédaction peut vous donner une longueur d’avance pour le second. Si le thesis représente effectivement une charge de travail supplémentaire, être familier avec les méthodes de recherche facilite grandement la tâche.
Les
méthodes de recherche semblent assez universelles. Les conseils à appliquer
quant à la détermination du sujet, sa délimitation, l’élaboration de la
problématique, les recherches bibliographiques et la manière d’utiliser les
sources sont sensiblement les mêmes. Dans les deux cas, c’est la manière de déterminer
puis de traiter la problématique qui sera évaluée, et non vraiment les
solutions qui y sont apportées. Partout dans le monde et peu importe la
discipline, le travail de recherche pose souvent plus de questions qu’il ne
présente de convictions. Pour le thesis,
comme pour le mémoire, il ne vous est donc pas demandé de révolutionner le
droit – ce que je trouve pour ma part plutôt rassurant. Les séances de
préparation au mémoire, suivies en troisième année de la GED avec Madame le
Professeur Magnier[1],
sont donc aussi utiles au thesis. Le
guide du mémoire, rédigé en 2016 par Eva Labbé et Lydia Belkadi, alumni de la GED,
sera également un outil précieux peu importe la démarche de recherche.
Les éléments variables sont ceux qui concernent l’organisation ; le calendrier, la notation ou encore le nombre d’ECTS accordés au thesis peuvent donc différer. A Tilburg, il y a un procédé spécifique pour chaque programme. Dans le mien, le travail de recherche est réparti en deux modules : un séminaire de recherche au premier semestre intitulé « Research Design and Methods for Postnational Lawyers » (6 ECTS) et le module « Thesis » (12 ECTS). Le séminaire de recherche est décliné en plusieurs séances thématiques (droit de la concurrence, droit du marché intérieur etc.). Il est ensuite évalué par deux exercices : une « Book Review » portant sur un ouvrage à choisir dans une liste selon le thème de mémoire choisi, ainsi qu’un « Thesis Proposal » faisant office de notice initiale. Le module Thesis comprend à la fois le dossier écrit et la soutenance orale devant un jury. Et oui, deux mémoires à rédiger, c’est aussi deux mémoires à défendre…
La manière dont le mémoire est dirigé varie, elle aussi, selon la formation. J’ai la chance de bénéficier d’un suivi régulier du Professeur Elsa Guégan (Université Paris-Sud) pour mon mémoire et du Professeur Francisco Costa-Cabral (Tilburg University) pour mon thesis.
Enfin,
lorsque vous rédigez deux mémoires en un an, vous pouvez choisir de prendre des
sujets proches ou éloignés. Pour ma part, je traite dans mes deux mémoires de
la réglementation des plateformes, mais avec des problématiques très
différentes, qui permettent de mutualiser un certain nombre de sources et un
gain de temps. J’attends la fin du semestre pour définitivement me prononcer
sur l’efficacité de cette technique, mais c’est pour l’instant avec une moyenne
très satisfaisante que j’ai validé le premier module de recherche. En
attendant, je retourne à la rédaction…
[1] Madame le Professeur Véronique Magnier, Professeur agrégée des universités, Professeur à l’Université Paris XI, directrice du master 1 droit des affaires ainsi que du master 2 Business Tax and Financial Market law et fondatrice de la Grande Ecole du Droit de la même université et Adjunct Professor of Law à l’Université de Georgetown à Washington D.C.
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