Saison Berlin - Épisode 6 : Quelle dynamique pour l’Union européenne dans les années à venir ?
Intervention de Charles Michel à l’Université d’Amsterdam :
Quelle dynamique pour l’Union européenne dans les années à venir ?
Intervention de Charles Michel à l’Université d’Amsterdam :
Par Zoé Paponneau
Article du 9 Décembre 2019.
Source: Facebook : Room for Discussion
La semaine dernière, Charles Michel a tenu une conférence à l’Universiteit van Amsterdam (UvA pour les intimes) afin de développer ses objectifs et orientations pour le Conseil européen ces 3 prochaines années. Ancien élève de l’UvA, Charles Michel (membre du parti réformateur belge, centre-droit) occupait la place de Premier ministre en Belgique. Le 1er décembre dernier, il a succédé à Donald Tusk à la présidence du Conseil européen, et grâce à mon LLM (dans le cadre de mon cursus à la Grande Ecole du Droit) j’ai eu la chance de le rencontrer pour en savoir plus.
Le Conseil européen, à quoi sert-il concrètement ?
Si on explique souvent le fonctionnement de l’Union Européenne (UE) par référence au triangle institutionnel Parlement européen - Conseil des ministres - Commission européenne, le Conseil européen est également une institution importante dont la création fut plus tardive (dans les années 70, mais dont l’institutionnalisation date seulement de 2007 avec le Traité de Lisbonne qui va renforcer ses pouvoirs).
À distinguer du Conseil des ministres, organe institutionnel représentant les États au cœur du processus législatif, le Conseil européen est l’organe politique de l’Union européenne. Sans réels pouvoirs législatifs, il donne les grandes directions politiques qui doivent être suivies par tous les organes de l’UE et se situe ainsi au sommet hiérarchique de l’organisation institutionnelle européenne. Il est composé des chefs des États de l’UE, de son Président et du Haut représentant de l’UE aux affaires étrangères et à la sécurité (actuellement Federica Morgherini, en charge par exemple des dossiers liés aux relations avec les USA avec le secrétaire d’État américain).
Le Président du Conseil européen est ainsi en charge d’assurer la crédibilité politique de l’UE à l’étranger et d’orienter l’avenir de l’UE auprès des institutions (article 15 du Traité sur le fonctionnement de l’UE).
Un projet organisé autour de 3 pôles
Après une ouverture sur la nécessité de renforcer les liens entre les pays du club des 27 même si l’on regrette déjà le départ du Royaume-Uni, le futur président rentre dans le vif du sujet et développe un plan orienté autour de 3 axes :
- Définir de nouvelles stratégies et des actions concrètes pour lutter contre le réchauffement climatique.
- Le développement d’un nouveau modèle économique et de nouvelles règles autour de la digitalisation, favorisant également le développement des start-ups.
- Un rôle plus imposant et nécessaire de l’UE au niveau international, passant notamment par la définition de nouveaux objectifs économiques avec la Chine.
Le réchauffement climatique, un enjeu au cœur des préoccupations européennes
Face à la multiplication des catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique, Charles Michel souligne que l’Europe doit être un acteur de premier plan pour trouver des solutions concrètes et arrêter les débats sans fins menant à l’inaction.
Un sujet particulièrement important aux Pays-bas, qui bien que très libéraux et centrés sur leur développement économique, prennent très à cœur les préoccupations environnementales (par ailleurs, les verts sont en tête depuis plusieurs années à Amsterdam). En effet les néerlandais sont particulièrement concernés par le réchauffement climatique tant les conséquences seront désastreuses pour le pays : la moitié risque d’être engloutie par la montée du niveau de la mer. Si des progrès sont notés, le Green Deal est la 1ère preuve d’une volonté d’aller plus loin.
Reste à voir maintenant si l’UE sera capable d’opter pour un nouveau modèle économique respectueux des préoccupations environnementales, deux enjeux qui cohabitent aussi difficilement que les républicains et les socialistes.
Comment renforcer le rôle de l’UE à l’international ?
Pour le futur président du Conseil européen, la représentation de l’UE à l’international est nécessaire pour assurer une plus grande crédibilité. Dans cette optique, il est nécessaire d’assurer plus de liberté, de transparence et de haut standards climatiques dans les échanges commerciaux.
Selon lui, il sera également nécessaire de promouvoir la digitalisation dans le secteur privé comme c’est le cas aux Pays-Bas où de grands écosystèmes de start-ups prolifèrent, particulièrement dans le secteur de la santé, ce qui explique l’efficacité et la reconnaissance du pays dans ce secteur. Les start-up amstellodamoises ont levé plusieurs millions d’euros cette année, s’insérant dans le marché mondial des technologies. Il sera indispensable dans le futur d’assurer que ce marché soit respectueux de la concurrence et des consommateurs.
Cependant un rôle plus important de l’UE passe également par le développement d’une armée européenne afin d’avoir plus de poids et plus de capacités de défense à l’international. Un objectif qui semble encore difficile à réaliser car il représente la fédéralisation des « Etats-Unis d’Europe », une idée difficile à accepter pour de nombreux pays à l’heure d’un renforcement du nationalisme et face à un important déficit démocratique.
…Affaire à suivre !
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