Saison Berlin - Épisode 8 : Immigration au Canada : la saga du Programme de l’Expérience Québécoise
Immigration au Canada : la saga du Programme de l’Expérience Québécoise
Article du 30 décembre 2019
Par Chamberly Ogounchi
L’immigration, sans être le volet le plus important de la préparation des dossiers LLM, demeure un aspect essentiel dans le parcours d’étudiants qui s’exportent à l’étranger, particulièrement Outre-Atlantique.
Le Canada, pays vaste, terre de diversité culturelle, est attractif. Cette année encore, le Canada s’est hissé à la première place de classements basés sur la qualité de vie. Un habitué.
Le mélange harmonieux des cultures nord-américaine et européenne, ainsi que l’héritage français, attire largement dans le monde entier. Parmi les dix provinces que compte le Canada, le Québec est une des plus populaires, notamment auprès des Français, étudiants comme travailleurs.
Au début du mois de novembre, le gouvernement du Québec a annoncé une réforme du Programme de l’Expérience Québécoise (PEQ). Retour sur une saga qui a échauffé les esprits sur fond de -15 degrés dans cette belle province.
Le Programme de l’Expérience Québécoise : entre ouverture et sélectivité
Le Programme de l’Expérience Québécoise est une procédure simplifiée et accélérée, un « fast track », comme diraient les Québécois dans leur maniement fluide de l’anglais et du français, vers la résidence permanente. Ce programme, mis en place en 2010 par le gouvernement libéral, vise à attirer des talents internationaux, tout en répondant au vieillissement de la population et au besoin de main d’œuvre au Québec.
Concrètement, l’initiative permet aux étudiants étrangers, par le biais d’un volet « Diplômé du Québec », de bénéficier d’une procédure accélérée de sélection permanente par le Québec lorsqu’ils ont obtenu un diplôme d’une université québécoise agréée, sous certaines conditions. Par ailleurs, aux travailleurs est réservé un volet « Travailleur étranger temporaire ».
Le Programme de l’Expérience Québécoise concerne des milliers de personnes. D’environ 20 000 à l’aube des années 2000, le nombre d’immigrants a atteint 52 000 en 2018. Les dispositions du PEQ bénéficient à un large public. Leur réforme a provoqué un tollé général.
Le Programme de l’Expérience Québécoise : un projet de réforme entre coups de théâtre et émotion
François Legault, Premier ministre du Québec, et Simon Jolin-Barrette, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Inclusion (MIFI), ont, de concert annoncé une réforme visant à modifier les conditions d’admissibilité au PEQ. Pour les étudiants, il s’agissait de déterminer des catégories d’études admissibles, selon un diagnostic des professions au Québec, en déficit ou en surplus. Ainsi, 218 domaines de formation ont été retenus. Cette nouvelle restriction apportée au PEQ affectait des centaines d’étudiants, dont l’espoir de s’installer au Québec à l’issue de leurs études s’est brusquement ébréché.
La réforme a été accueillie par de vives réactions : critiques, pression politique de la part de l’opposition, émotion des étudiants (et travailleurs) rassemblés devant l’Assemblée Nationale à la suite de l’annonce. Journalistes et médias recueillaient ces réactions au sein de la population, notamment dans les universités québécoises. En tant qu’étudiante en LLM Business Law in a Global Context à l’Université de Montréal, j’ai vécu le sentiment général de désespoir de ces étudiants qui, comme moi, nourrissent des projets d’avenir au Québec. J’ai en effet décidé, à la suite de mon cursus à la Grande Ecole du Droit, de poursuivre mes études au Canada, plus précisément à Montréal au Québec. Etudiante française parmi des dizaines de nationalités différentes, je suis au cœur de cette diversité qui fait la richesse du Canada, notamment au sein de la population estudiantine.
Face à une opinion publique fervente, le gouvernement du Québec a opéré un premier recul en accordant une clause de droit acquis aux personnes étudiant ou travaillant déjà au Québec avant le 1er novembre 2019. Les nouvelles mesures ne s’appliqueraient donc qu’aux nouveaux arrivants, postérieurement au 1er novembre 2019.
Au terme de délibérations, les initiateurs de la réforme ont annoncé sa suspension, accompagnée d’excuses du Premier ministre québécois, se disant touché par les réactions des personnes affectées par ces dispositions jugées drastiques.
Aujourd’hui, la suite de la saga reste à venir. Une consultation des universitaires et des milieux d’affaires, recommandée par certains partis politiques, est prévue pour trouver de nouvelles orientations en matière d’immigration. Il est préconisé de supprimer les listes établies, ou de les élargir dans une moindre mesure.
Somme toute, le gouvernement se veut rassurant : le Canada demeure enclin à accueillir de nombreux immigrants souhaitant s’installer durablement. Il est toujours permis de croire en ses rêves et de se donner les moyens de ses ambitions !
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