« 6h de cours, par jour ? » « non par semaine… »




Après un titre délibérément choquant, surtout aux yeux de nos pauvres élèves français, je vais tenter de vous expliquer le système universitaire d’Edimbourg, comme vous pouvez l'imaginer bien différent du système français. Je ne parlerai que du niveau LLM/master, le niveau licence étant un peu différent et plus proche du système français.

Comment s’organise l’année universitaire ? L’année est divisée en 3 trimestres avec 2 trimestres de cours et un trimestre à la fin de l’année pour écrire ce qu’on appelle ici la « dissertation », à ne pas confondre avec la dissertation française, qui correspondrait à un mémoire de fin master, avec des exigences de recherche peut être un peu plus élevées qu’en France puisqu’ils nous donnent jusqu’à la fin de l’été pour rendre notre travail. Pendant chaque trimestre de cours nous choisissons 3 matières en fonction de l’intitulé de notre LLM, et nous avons 2h de cours par semaine pour chaque matière.

J’entends déjà d’ici, c’est dire vu la distance, les exclamations, les émois, les pouffements : « 6h de cours ! ». Il convient donc maintenant de vous expliquer ce qu’on appelle cours outre-Manche. En réalité, le cours à proprement parler, ce qu’on appelle aussi parfois le « cours d’amphi », doit être assimilé ici de manière autonome. Nous n’avons donc pas de « lectures », équivalent anglais et plus classe du « cours d’amphi ». Quelles sont donc les heures de cours auxquelles nous assistons si nous n’avons pas de « lectures » ? Question que vous devez légitimement vous poser. En fait, le plus proche équivalent des cours dispensés ici au niveau master est ce qu’on appelle en France les « TD ». Pour autant, comme je vais vous le montrer, les deux ne sont pas tout à fait assimilables.

Premièrement les cours sont dispensés en petit groupe de 25 personnes maximum, il est donc même parfois possible d’avoir cours avec seulement 5 ou 6 autres personnes. Le cours est donné par le Professeur spécialisé dans la matière en question, et non par un chargé de td, avec la particularité que bien souvent au cours de l’année des intervenants prennent sa place pour un sujet précis. Ce sont dans la majorité des cas d’autres professeurs de l’Université d’Edimbourg mais il arrive parfois que des personnalités extérieures interviennent pour un cours en particulier.

Chaque élève est censé faire le travail préparatoire avant de venir en cours, travail qui consiste en un très grand nombre d’articles, de décisions de justice, de textes de loi ou de manuels à lire et à assimiler ainsi que lorsque la matière s’y prête à des exercices pratiques. Lorsque je parle d’un « très grand nombre » c’est qu’il est pratiquement impossible de lire et de digérer l’intégralité des lectures recommandées malgré pourtant la flexibilité de notre emploi du temps. Il s’agit ensuite, plus que d’un cours, d’une discussion vivante entre le Professeur et les élèves, discussion ayant pour but d’une part de vérifier les acquis provenant des lectures et d’autre part d’essayer d’aller plus loin dans la réflexion.

A la fin de chaque semestre nous devons rendre un mini-mémoire pour chaque matière étudiée, soit 3 devoirs. Il arrive parfois que nous ayons des devoirs à rendre en cours de semestre mais leur importance n’est que minime. Nous sommes entièrement évalués sur ces travaux de fin de semestre ainsi que sur la « dissertation » de fin d’année. Ainsi, si le rythme est tout à fait soutenable au début et au milieu du semestre, les choses s’accélèrent en fin de semestre lorsqu’il faut finir l’ensemble des travaux à rendre. Je me permets donc de glisser un petit aparté sur les infrastructures mises à notre disposition pour travailler.

Chaque département de l’université a sa Bibliothèque et donc la faculté de Droit a la sienne. Nous disposons également de la « main Library », bâtiment équipé des dernières technologies et ouvert jusqu’à 2h30 du matin pour les aficionados. Enfin en tant qu’étudiant en master nous disposons d’un accès à certaines salles de la faculté en permanence à toute heure du jour ou de la nuit. Nous avons donc les moyens de travailler !  

Déjà peut-être vous commencez à mieux percevoir les contours de ce système universitaire, système qui comme vous pouvez le constater est davantage tourné vers la « Recherche ». Attention, il n’est pourtant pas plus destiné à former des chercheurs qu’un master français et le LLM a principalement une vocation professionnelle. D’ailleurs, une bonne partie des étudiants de mon LLM sont déjà des praticiens du droit dans leur pays, ce qui explique aussi en partie l’âge moyen plutôt élevé des étudiants en LLM, 25 ans je dirais avec certains pouvant même avoir un peu plus de 30 ans. Ce n’est donc qu’un mode d’enseignement une manière différente de former les « lawyers » de demain. 

Un autre post sera peut-être d'ailleurs l'occasion de vous donner une vision critique des deux systèmes universitaires que je connais maintenant car il y a des bonnes choses à prendre de part et d'autre! 

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