Comment se finit un semestre universitaire ? Partiellement !
S'il y a bien une chose qui ne change pas d'un pays à l'autre, c'est que les universités ont une certaine réticence à délivrer un diplôme uniquement sur une déclaration sur l'honneur que vous avez bien suivi les cours. Depuis la création des premières universités, depuis la fondation de l'université de Bologne en 1088, les professeurs ont souhaité tester leurs étudiants, en les soumettant à des épreuves pratiques et théoriques pour évaluer leurs compétences et leurs connaissances. Et aussi faire des jeux de mots avec les noms des parties.
L'idée de ce post sera de vous donner un aperçu de ce que sont les partiels en LLM, du moins aux Etats-Unis, pour que vous puissiez comparer, surtout que certains d'entre vous vont découvrir ce que sont les examens en faculté. De façon générale, je pense que les examens sont une bonne manière d'évaluer ce que l'université attend de ses étudiants, ils sont faits d'une telle manière que telle ou telle compétence soit évaluée de façon efficace, et comme on ne peut pas tout tester en un seul examen, les choix que font les professeurs dans la rédaction des questions sont assez révélateurs.
J'ai eu cette "chance" que, sur 4 matières que j'ai étudié ce semestre, j'ai eu 4 modes différents d'évaluation. Je vais donc faire une rapide description de chaque méthode, et un petit point général à la fin, maintenant que le stress des exams est passé.
De toute manière, ici on sait comment aider les étudiants à gérer le stress en BU |
Contrôle continu uniquement : Pas de partiel, pas de partiel
Je passerai rapidement, puisqu'il n'y a pas grand chose à dire sur cette méthode d'évaluation : il n'y a pas d'examen final. Pour moi, c'était sur le cours de Legal Research and Writing for LLM Students. Dans ce cas de figure, vous êtes évalués plusieurs fois pendant l'année, sur la base de plusieurs devoirs à faire chez vous. C'est évidemment la méthode la moins stressante, et la plus facile à rattraper.
De plus, en tout cas dans mon université, il s'agit d'un excellent entrainement à la rédaction de "memo", qui est la forme privilégié de rédaction en droit aux Etats-Unis, aussi bien en universitaire, qu'en pratique. Ce type d'exercice est très proche d'un cas pratique (comme quoi le droit se pratique de la même manière partout), syllogisme de rigueur bien entendu, et la différence ne se fait que dans le contenu en lui même en fait, où la manière d'expliquer la règle de droit est très différente, mais je n'entre pas dans le détail ce n'est pas le sujet, surtout que dans cette matière, c'est la méthode bien plus que le fond qui était évalué. Si ce type de cours est enseigné dans l'université dans laquelle vous irez plus tard, vous verrez que c'est sûrement le plus utile, car c'est celui qui vous met "au parfum" des méthodes utilisées sur place.
J'y reviendrai plus tard, mais je le souligne déjà, durant toute la durée du semestre, aucun exercice "théorique" n'a été proposé.
Take-home exam : Vous avez 24h, may god have mercy
Matière : International Business Transactions
C'est la forme la plus originale d'examen je pense. Elle est assez largement utilisée aux Etats-Unis au niveau Undergraduate (licence), moins utilisé pour ce qui est de la Law School, même si mon témoignage est un contre-exemple. Le principe est simple : vous vous rendez à la salle d'examen à l'heure prévue, on vous remet votre sujet, et ensuite vous avec un temps limités pour envoyer votre copie par mail (dans mon cas, 24h, mais ça peut être plus ou moins). Vous avez donc accès à tous vos documents, même si le professeur peut vous demander de ne pas utiliser certaines ressources.
Si 24h peut sembler généreux pour un examen, n'oubliez pas que si le professeur vous donne autant de temps, c'est qu'il estime que c'est ce dont vous avez besoin pour bien faire.
Pour ce type d'examen, deux méthodes sont possibles :
- la brutale : vous vous mettez à une table avec votre matériel, et vous n'en bougez pas jusqu'à avoir fini, en remettant à plus tard tout ce qui est repas, hygiène, pause, etc. C'est une bonne technique si vous pouvez vous concentrer sur un examen pendant 10 à 12h.
- la plus tranquille : vous libérez du temps pour faire des repas et des pauses, ce qui rallonge le temps de l'examen, mais le rend bien moins éprouvant. C'est la méthode que j'ai utilisée personnellement, ayant comme tous les étudiants de la faculté Jean Monnet une culture de la pause bien ancrée.
Dans ce cas précis, l'examen se composait de deux cas pratiques, avec des questions relativement générales, qui demandent un gros travail préalable de recherche des problèmes de droit avant tout début de réponse. En plus de ces deux cas, une question qu'on pourrait qualifier de "théorique", en ce sens qu'il ne s'agissait pas d'un cas pratique. Cela ne demande pas cependant une réflexion aussi complète et poussée que pour une dissertation, je vous la met pour que vous vous fassiez une idée (en gros) : Quels sont les avantages et les inconvénients d'un strict formalisme dans l'appréciation des documents dans les relations entre agents du commerce international? (J'ai beaucoup de mal à retranscrire réellement l'énoncé, je n'ai pas pu le conserver, et il faisait un gros paragraphe, mais je pense que vous voyez l'idée).
Open notes, open books : La fausse bonne idée
Matière : Civil Procedure
Nous nous rapprochons doucement d'une forme plus classique d'examen. Il s'agit ici d'un cas pratique, avec un énoncé assez long, et 15 questions plus ou moins précises et demandant plus ou moins de développement. Elles sont néanmoins de façon générale, beaucoup plus fermées que celles dont j'ai parlé dans la partie précédente. Vous avez le droit de ramener à l'examen : votre livre de cours, votre supplément de règles (je rappelle qu'il n'y a pas réellement de Code aux Etats-Unis, il s'agit donc plutôt d'une compilation des lois qui se rapportent à un sujet en particulier), et aussi à vos notes. Vous n'avez pas le droit de ramener des "commercial outlines", c'est à dire des fiches vendues par les éditeurs d'ouvrages à destination des étudiants.
Vous n'avez probablement pas encore eu pour la plupart ce type d'examen, et vous en aurez sûrement très peu en France, ça ne se pratique pas vraiment. Encore une fois, il faut bien se rendre compte que, si vous avez l'avantage d'avoir à disposition beaucoup de documents, et toutes les règles dont vous pourriez avoir besoin, cela signifie aussi que le professeur ne vous donnera quasiment aucun point pour les avoir donné. Plus que jamais, l'accent est mis sur l'analyse du cas, et la pertinence de la réflexion juridique.
J'en profite pour faire un petit aparté en forme de conseils pour les étudiants de GED 1 (et 2, sait-on jamais), dans le cas où vous auriez un examen où vous auriez droit au Code (peut importe lequel), ce qui est ce qui se rapproche le plus d'un examen Open Books, voici une chose que vous devez savoir : si vous commencez à feuilleter votre code moins de dix minutes après le début de l'épreuve, vous pouvez tout aussi bien rendre votre copie blanche et d'aller prendre un café à la machine, ça sera tout aussi productif. J'exagère, bien entendu, mais seulement pour souligner que le risque de tout examen lorsque l'on a le droit d'utiliser certains documents, est de se perdre dans ces documents, et de ne pas se concentrer sur l'essentiel, l'énoncé.
Closed books : C'est comme un vrai examen en fait
Matière : Law & Ethics of Lawyering
Là, nous sommes en terrain connu : une salle, un énoncé, un crayon, et trois heures d'épreuve. Cet examen se composait de trois parties :
- un QCM à point non régressif : soyons honnêtes, on en rêve tous. Le hic, c'est que ce ne sont pas de simples questions, il s'agit pour chaque question d'un mini cas pratique, qui demande une analyse rapide, mais complète. De plus, la plupart du temps, la bonne réponse est loin d'être évidente, et parfois elle n'existe même pas, il s'agit alors de trouver la réponse "la plus proche de ce qui est juste" (sic).
- un cas pratique court : quelques faits, et une question précise, pas grand chose de dur à comprendre.
- un cas pratique long : beaucoup de fait, et une question très large, l'équivalent de notre "Quid juris?", comprendre, trouvez vous même les questions, puis répondez y.
Cette dernière partie, qui est pour le coup très proche de ce qu'on peut avoir en partiel à la faculté, repose principalement sur la capacité à analyser rapidement une situation. En effet, vous gagnez des points déjà pour avoir relevé les différentes situations problématiques. D'où l'importance d'avoir une très bonne connaissance de la matière : vous n'avez pas le temps de réinventer la matière sur le tas. Enfin, les cas pratiques sont TRES longs, pour la dernière partie, il y avait en tout 7 pages de faits. C'est normal compte tenu du fait qu'un seul fait divergent peut changer complètement la règle de droit applicable. Comme disait Lawrence Siry (et là je m'adresse aux anciens) : "En Common Law, la règle qui porte sur la vente de mouton, ne s'applique pas à la vente de vaches".
Généralités : Ce qui change vraiment
Encore une fois, ce qui change le plus c'est l'absence total d'exercice "théorique" : pas de dissertation, pas de commentaire d'arrêt. Cela tient principalement au fait que la Law School aux Etats-Unis est une école "Professionnalisante", tout ce qu'on y apprend doit y être directement utilisable, et le reste est relativement superflu. Ce qui est compréhensif, la formation juridique complète ne durant que 3 ans. Est-ce que ça manque? Quelque part un peu oui, car certaines matières s'y prêteraient sans problème.
Un autre aspect surprenant est la possibilité de passer les examens sur ordinateur, à l'aide d'un logiciel spécial qui bloque toutes les fonctions de votre ordinateur pendant que vous passez l'examen. Je ne l'ai pas essayé personnellement, je préfère garder mes habitudes de papier et stylos. En passant, si vous souhaitez passer l'examen sur papier, vous devrez fournir vos propres feuilles d'examens, que l'on peut heureusement trouver dans de nombreuses boutiques.
Et ça ressemble à ça |
Je pense avoir fait un tour assez complet, il ne me reste qu'à vous souhaiter bonne chance pour vos partiels, de bonnes vacances, et un joyeux Noël.
En bonus : quelques photos de Noël in Good ol' Georgia.
Que serait Noël sans Snoopy? |
Et, des stormtroopers?.. |
Et bien sûr, le tracteur rose du père noël... |
Je sens que je vais avoir du mal à vous convaincre de venir à UGA...
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