Less tribulations d'un GED au Canada, Chap. II – Charles Bouland (UDM)
II.
Un LL.M. canadien,
pourquoi pas ?
Salut à tous,
Pour ceux qui ne le savaient
pas encore et qui souhaiteraient briller en société, ou qui comme
moi voudraient éviter d'avoir l'air ignorant lorsque vos parents
vous le demande, LL.M. signifie Legum Magister, tout simplement
maîtrise de droit, la double consonne étant un cadeau de nos chers
ancêtres romains. Si cette explication n'est pas tout à fait exacte
ou qu'elle manque un peu de fantaisie à votre goût, je suis sûr
qu'en tant que bon juriste vous saurez broder une petite histoire qui
pimentera un peu la conversation.
Il faut d'abord savoir que
seuls deux LL.M. sont réellement envisageables à Montréal, celui
de l'UdeM ainsi que celui de McGill. Pourquoi cela ? Tout simplement
parce que ce sont les seuls en anglais, impératif primordial et
unique du programme GEDien. Même si je ne suis pas expert sur le
sujet je vais un peu vous parler de McGill. Outre une renommée
mondiale, cette université offre en plus d'un LL.M. dit général,
des spécialités en droit comparé, en droit aéro-spatial, en
bioéthqiue et en droit de l'environnement, avec pour chacun la
possibilité de rédiger ou non un mémoire, question de crédit. Sur
papier ça a l'air super mais le seul problème c'est que pour être
accepté il faut en gros avoir eu au moins 13 de moyenne depuis la
L1, ce qui n'était bien sûr pas mon cas, ainsi qu'un dossier béton.
Si vous avez d'autres questions sur McGill je me renseignerai avec
plaisir.
Le LL.M. de l'UdeM est quant
à lui une espèce d'ovni en la matière avec son bel intitulé de
Business Law in a Global Context, tout en étant le seul parcours en
anglais de la plus française des universités canadiennes. C'est en
gros un diplôme en droit des affaires classique mais accompagné
d'une nébuleuse de matières annexes comme l'arbitrage, les droit
pénal international ou le droit spatial. Contrairement aux autres
LL.M., ce programme est taillé sur mesure et il n'est donc pas
possible de choisir ses matières. Cette rigidité dans le programme
est compensée par la diversité des matières et leur enchaînement
logique au cours de l'année. Enfin, ce LL.M. ne nécessite aucun
mémoire ou paper obligatoire mais comprend un semestre d'été à
part entière qui fait de cette année à l'étranger une année
complète de 365 jours, du 1er septembre au 31 août.
Le premier semestre est
assez léger si on prend la perspective d'un ex-GED habitué à
jongler avec les cours de DU ou de M1 et les cinq cours par semaine
donnent une grande flexibilité pour remplir son emploi du temps. Les
enseignants sont presque tous des avocats ou des juristes, ce qui
donne un emploi du temps majoritairement composé de cours du soir et
de journées organisées autour de projets personnels annexes, stage,
sport ou culture, à vous de choisir. Le corps enseignant est lui
même un peu spécial, entre le vétéran de l'armée canadienne qui
a connu Mao et qui a travaillé en National Security pour le
gouvernement américain, la juriste suédoise dont le CV ressemble à
un tour du monde avec AirFrance ou la hippie québecoise qui ne croit
pas aux examens écrit et base 100% de la note sur l'oral.
Les devoirs écrits sont
pratiquement inexistants et sont remplacés par les ''readings'', les
lectures qui permettent de préparer chaque classe mais qui ne sont
pas plus difficiles que la vingtaine d'arrêts de droit administratif
ou de droit des sociétés avec lesquels nos chers chargés de TD
aimaient nous torturer, le commentaire d'arrêt et la dissertation en
moins. De plus les cours du premier semestre permettent un temps
d'adaptation à la méthode locale si on prend en compte que les cours
de DU (Tort and Contract Law en GED2 et Arbitrage avec le Pr.
Boucobza en M1 notamment), donnent une longueur d'avance sur les
autres étudiants. La prédominance des étudiants chinois est quant
à elle une bonne occasion de se mettre au mandarin, et ils sont
assez content de vous y aider si vous leur rendez la pareille en
français. (ci-contre le premier match de hockey universitaire de la
saison)
Pour conclure, ce LL.M. est
avant tout une belle porte d'entrée sur le continent Nord américain,
dans un pays où les opportunités d'emploi et de projets à long
terme ne manquent pas. Il s'agit uniquement de les saisir et de se
battre avec assez de convictions pour qu'elles se réalisent. De mon
point de vue, la plus grande valeur du LL.M. c'est le réseau que
l'on crée à travers lui, les personnes que l'on rencontre et qui
dessinent notre avenir professionnel. Ce diplôme est rempli
d'étrangers qui viennent chercher une nouvelle expérience, et même
une nouvelle vie, et à qui ils vous suffit de tendre la main afin de
tracer un nouveau chemin.
P.S. Je gardais l'argument
choc pour la fin, ce LL.M. est le meilleur rapport qualité-prix du
continent en raison d'un accord entre le Québec et la France pour
attirer les étudiants comme nous, avec un coût total de 4500$
l'année, faites moi signe si vous trouvez mieux.
Bises
Charles
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