Doing Tax in The Last Frontier, Pierre Delassis (UW Law)
L’article de cette semaine est un peu particulier car je vais vous rapporter mon
aventure chez les esquimaux Yupik D’Alaska. On se réfère traditionnellement à
l’Alaska en l’appelant the Last Frontier of
the US. L’une des raisons de ma venue à UW School of Law est un programme Pro
Bono (ou « clinic ») qui
consiste à aller préparer les déclarations d’impôts fédérales pour le compte de
communautés esquimaudes isolées du sud-ouest de l’Alaska. Le programme a été créé
par l’IRS (administration fédérale américaine des impôts). Il permet de fournir
un
service fiscal gratuit à des populations à bas revenus.
J’ai donc d’abord été sélectionné dans un groupe d’une quinzaine
d’étudiants sur plus de 60 candidats au sein de mon université. J’ai suivi des cours spécifiques et est
passé des certifications auprès de l’IRS pour me qualifier en tant que Tax return preparer.
Je suis donc parti en cette fin du mois de février vers L’Alaska. J’ai
d’abord fait halte à Anchorage qui est la plus grande ville d’Alaska. Je vous avoue que déjà dans cette grande
ville, on pouvait ressentir cette atmosphère et ce style de vie typique des
pionniers de la dernière frontière américaine. Puis on s’envola rapidement vers nos
destinations finales.
Le village ou je fus envoyé s’appelait Hooper Bay. Il est situé dans le
sud-ouest de l’Alaska sur la côte de la mer
de Béring qui fait face à la Russie.
L’endroit est vraiment isolé. Seuls quelques vols depuis Bethel, unique
ville située à 250 Km d’Hooper Bay disposant d’un véritable aéroport, permet le
réapprovisionnement de cette petite communauté. Il n’y pas de route entre
Hooper Bay et Bethel. Seuls quelques avions bimoteurs (7 passagers, pilote
compris !) assurent le transport au-dessus de l’immensité glacée séparant
les deux villes. Bien entendu cette liaison est possible par temps acceptable. Ainsi
je me suis laissé entendre dire que Hooper Bay peut être coupé du monde des
jours voir des semaines durant les rigoureux hivers arctiques. Pour ma part on
est arrivé durant une semaine particulièrement chaude puisqu’il faisant une
moyenne de -6 degrés en journée pouvant descendre tout de même à -20 en pleine
nuit. Nos hôtes nous firent remarquer que c’était presque des températures
printanières pour eux !
Une fois arrivé sur place. Nous fument accueillis par nos hôtes et installés
dans l’un des bâtiments les plus confortables de la bourgade. Notre équipe
était composée de 3 Tax Preparers (dont-moi vous l’avez compris), un
superviseur et une personne chargée de faire liaison avec les autorités du
village pour organiser les journées de travail. Notre logement était rustique.
Nous avons eu de la chance d’avoir un endroit chauffé et des lits en quantité
suffisante. Coté douche : une seule
qui permettait uniquement de se laver avec de l’eau glacial. Je me suis
toujours demandé comment une eau aussi froide pouvait nous parvenir sans geler
dans les canalisations.
J’en viens maintenant à l’aspect fiscal de mon programme. Notre mission
était d’établir les déclarations d’impôts des habitants d’Hooper Bay. Chaque
déclarations supposaient de rencontrer le contribuable et de l’établir sa
déclaration d’impôt en sa présence. Ce dernier nous ramenait ces fiches des
paies annuelles ou tout document concernant d’autres types de revenu
(dividende, loyer, allocation chômage, pension de retraite ou militaire etc…). Puis
j’effectuais à l’aide d’un logiciel fiscal sa déclaration. Sur un point de vue
fiscal, il est intéressant de remarquer qu’en réalité ces populations ne paient
non seulement pas d’impôt mais reçoivent un remboursement de la part de
l’administration fiscale américaine (IRS). Ces remboursements peuvent monter
jusqu’à 10 000 dollars sur des revenus annuels de 30 000 dollars ! C’est
sans doute la première fois que je voyais de telle sommes à rembourse aux
contribuables. Ce qui explique le fait que nous fûmes reçus avec joie par les
habitants car ils savaient qu’on leur apportait, pour beaucoup d’entre eux, de
bonnes nouvelles.
Dans mon prochain article qui sera publié à la suite de celui-ci je vous
parlerai de la culture Yupik que j’ai découverte durant mon séjour au contact
de nos hôtes.
Pierre Delassis
Taxation LL.M. candidate, University
of Washington School of Law, Seattle (WA), United States of America
Student of the Grande Ecole du
Droit, Paris-Sud University, Sceaux, France.
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