Un peu de culture



 par Thomas

Tout d’abord je dois confesser qu’en bon Français de base n’étant jamais allé aux Etats-Unis ce pays se résumaient à New York, Boston, Washington DC et quelques villes de la côte Est. Le reste du pays étant à peine digne d’intérêt : la Californie étant tout juste bonne pour aller profiter du soleil et de la plage, le Texas parfait si je voulais aller faire le Cow Boy, l’intérieur du continent n’étant rien d’autre qu’un territoire à explorer. Le tout assaisonné d’une vision assez caricaturale de l’américain moyen comme on m’en a servi des tartines dans les médias, à savoir gros, incultes, à la limite du primate. Une vision assez primaire en somme, un peu comme un parisien qui ne met jamais les pieds en dehors du périphérique parle de cet endroit mythique qui s’étende au-delà du périphérique, peuplé de sauvage se déplaçant en tracteurs la « province ». Tout en ayant un respect certain pour ce pays que je ne connaissais pas mais qui m’a toujours attiré. C’était donc intrigué et impatient d’arriver que je partais pour Seattle mais avec ce sentiment bizarre de « qu’est ce que j’ai bien faire pour mériter ça ? » : me retrouver de l’autre côté du monde dans une ville dont j’avais vaguement entendue parler parce qu’Amazon, Microsoft, Boeing et Starbuck venaient de là, que quelques amies m’avaient fait remarquer que c’était dans les environs de la ville que ce monument du cinéma, Twilight, avait été tourné et que la série Grey’s Anatomy était tournée dans la ville. Bien évidemment j’en avais aussi entendu parler pour son Université, mais c’était sa réputation de ville de la pluie qui revenait le plus souvent à mes oreilles.
Après moins de deux mois sur place j’ai eu le temps de me rendre compte que tout est assez différent de ce à quoi je m’attendais et c’est donc à la culture et aux mœurs locales que je consacre ce billet, particulièrement long.


Tabac- Santé

C’est peut être parce que je suis un ex-fumeur que c’est la première chose qui me vient à l’esprit. Les Etats-Unis sont un pays où le nombre de fumeurs est proportionnellement plus faible qu’en Europe, et cela est particulièrement vrai à Seattle. Tout d’abord le tabac est particulièrement chère, l’Etat de Washington est un des Etats où le tabac est le plus fortement taxé (New York étant le pire à cet égard). De plus, socialement, fumer est assez mal vu, les rares personnes que vous verrez fumer dans la rue sont des étrangers ou des américains des classes sociales les moins favorisées. J’ai déjà pu voir un clochard ayant une pancarte où il précisait qu’il était non fumeur. Bien entendu il est interdit de fumer dans les lieux publics et les bars, même sur le campus c’est interdit et pourtant c’est à ciel ouvert. Pas question de tricher comme en France en ayant les pieds dans le bar et la clope à bout de bras à l’extérieur : il est interdit de fumer à moins de 25 pieds des entrées.

Seattle m’a également beaucoup surpris dans la mesure où vous ne croiserez que très peu d’obèses et les gens sont particulièrement sportifs : vous verrez beaucoup de club de gym et même les étudiants passent plusieurs heures par semaine dans le bâtiment des sports de l’Université. Il y a énormément de restaurant végétariens et quelques végétaliens. Je ne pensais pas dire ça un jour mais le hot-dog végétarien est étonnamment bon, bien que la texture d’une saucisse sans viande reste assez étrange. La santé est un des atouts majeurs de la ville de Seattle : University of Washington a la meilleure fac de médecine des Etats-Unis, c’est pourquoi la très célèbre série Grey’s Anatomy y est filmée.


Nourriture

J’imagine que faire du sport est la meilleure excuse que j’ai trouvée pour pouvoir tester toute sorte de Junk Food. 

On trouve vraiment de tout ici, j’ai mangé les meilleurs sushis de ma vie comme j’ai avalé de la nourriture bizarre, encore que rien n’égal les verres à soie dans ce registre parmi tout ce que j’ai avalé. Il y a pas mal de nourriture assez géniale à tester et beaucoup de restaurant de cuisine de tous les coins du monde. Sans faire le catalogue de tout ce que l’ont peut trouver je me contenterai de quelques exemples parmi ce que j’ai pu goûter. Tout d’abord, l’indétrônable hamburger américain, je vous conseille de faire un détour par Dick’s, un drive-in, dont le nom permet de faire pas mal de blague graveleuse au passage, un des fast food les moins chers (moins de 3$ le burger) et excellent, parfait pour le casse croûte de retour de soirée. J’attends de faire un saut en Californie pour avoir l’occasion de faire un détour par in-n-out, une chaîne de fast food qui a la réputation de faire les meilleurs burgers du pays mais qui n’est pas présente partout. Dans ce que vous pouvez trouver en super marché, on trouve finalement beaucoup de chose en France mais ce que je n’avais encore jamais vu c’est le beef jerky, de la viande de bœuf séchée et assaisonnée, ça vaut le coup d’essayer. Un autre plat qui fait la fierté des américains : les chicken wings, mais encore faut-il trouver le bon endroit où les commander. A Seattle nous avons un endroit pour ça : Wings on the Ave, un bar où tout le monde se retrouve les soirs de match. Les ailes de poulet sont particulièrement bonnes et la carte est assez variée, il faut aussi absolument essayer les waffles frites, assaisonnée à l’ail et noyée sous la sauce, un vrai tue l’amour mais une institution locale, à déguster au moins une fois. 
Comme vous ne l’ignorez sans doute pas Seattle est une ville portuaire, ce qui fait que les produits marins sont à l’honneur ici. Si vous êtes amateur d’huîtres il y a de nombreux bars où en consommer. Je ne suis toutefois pas suffisamment connaisseur pour vous dire s’il y a une vraie différence de goût par rapport aux françaises mais elles sont très bonnes.

Le vin américain n’a rien à envier au vin français, ce qui ne risque donc pas de vous manquer. Ce qui fait vraiment défaut par contre dans ce pays ce sont: le pain, il est assez difficile de trouver autre chose que du pain de mie, cher et sans goût, ou du pain pour hot dog/hamburgers, et  le fromage, vous pouvez en acheter, pas besoin de faire de la contrebande je vous rassure, mais peu de magasin en vende.

Le café est une institution locale, après tout c’est la ville qui a vu naître Starbuck, mais l’on ne m’avait pas menti en me disant que le café américain c’était du jus de chaussette. Habitué à mon petit express du matin le litre d’eau brune du Starbuck ou de n'importe quelle autre enseigne est un peu fade… Mais je me suis habitué assez rapidement, je pense que le premier café que je prendrai à mon retour en France me paraîtra absolument infâme. On trouve des magasins de café à emporter à tous les coins de rue, c’est vraiment quelque chose de très ancré dans la culture locale. L’avantage de ce pays c’est que ses habitants n’ont peur de rien : on trouve du café aromatisé avec à peu près tous les goûts, à la citrouille même, c’est Halloween après tout, je n’ai pas encore osé celui-ci mais ça ne saurai tarder. Dans le même genre l’on peut aussi acheter de la bière à la citrouille. Si vous avez imaginé quelque chose, en cherchant un peu il y a de très fortes chances que vous puissiez le trouver dans le commerce, c’est valable pour à peu près tous types de produits.


Instruction-Population

Seattle est une des villes où le taux de chômage est le plus faible et où le niveau d’instruction est parmi les plus élevés des Etats-Unis. Comme je l’ai rappelé plus haut Seattle a vu naître et héberge certaines des plus belles entreprises américaines : Amazon, Microsoft, Boeing, Starbuck pour ne citer que celles-ci. Ces sociétés drainent donc naturellement des cerveaux des quatre coins des Etats-Unis, tous comme elles les forment sur place, en donnant généreusement à University of Washington. Le bâtiment de droit par exemple, s’appelle le William H Gates building. Aussi surprenant que cela puisse paraître le diminutif de William n’est autre que Bill, le bâtiment porte donc le nom de Bill Gates, tout simplement par ce que c’est lui qui l’a financé.

Les études étant particulièrement onéreuses certaines personnes n’hésitent pas à travailler avant de commencer leurs études, il n’est pas rare de voir des étudiants de 3ème année ayant la trentaine, il est également assez fréquent, du moins parmi les différentes personnes que j’ai pu rencontrer, de changer de voie après un certain nombre d’année, ce qui fait que vous pourrez croiser des médecins assis à côté de vous en cours de droit fiscal. Ces différents éléments font que vous aurez l’opportunité de croiser des gens avec des personnalités très riche et avec des parcours passionnant : j’ai ainsi eu l’occasion de rencontrer un étudiant qui avait été choisi par le Sénateur MacCain pour effectuer son service militaire à West Point, un autre qui a passé huit ans au Japon pour Amazon, un qui était avocat des Marines en Allemagne, un Afghan qui vient passer son doctorat de droit, un qui gérait son bar et qui aujourd’hui préside l’association des entrepreneurs de la business school et qui passe son temps entre l’Université et des déplacements dans le monde, pour n’en citer que quelques uns. Je dois reconnaître que c’est un peu surréaliste et ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais avant d’arriver. Le système américain est tellement différent du système français, et chaque Université, chaque programme ayant ses propres caractéristiques il est en fait impossible de s’attendre à quelque chose. J’ai même cru comprendre que d’une année sur l’autre les choses changeaient énormément.

Je dois ici rendre hommage à l’enseignement français. Il est assez facile de se dire que tout ici est génial parce que vous êtes dans des locaux tout neuf tout beau et parce que c’est une forme d’enseignement tout nouveau (et que le nouveau c’est mieux que l’ancien) et que le système français ne fait pas le poids. Toutefois, je me rends compte qu’en comparaison d’un certain nombre de système d’instruction étranger, en France l’on acquiert une certaine rigueur et un esprit de synthèse qui facilite énormément l’apprentissage et l’adaptation à un système étranger, même si l'on n'a pas investi les mêmes moyens : comprendre rapidement les éléments clés d’un problème et d’un cours et les assimiler tout aussi rapidement est en grande partie dû à l’enseignement à la française et surtout avec le rythme d’enfer imposé par les études de droit en France vous ne serez pas trop largués en arrivant ici ou le rythme est tout autant soutenu, à mon grand désespoir…

Je ne vais pas revenir sur la façon d’enseigner aux Etats-Unis, Alexandre l'a déjà fait avec brio dans un billet précédent. J’ajouterai juste qu’ici c’est la première fois que je travaille en groupe, vraiment en groupe : nous nous enfermons à 5 dans une salle de travail (le LLM que je suis a des salles qui sont réservées en permanence pour ses étudiants) avec tout ce qu’il faut : tableau effaçable et écrans que l’on peut brancher à un ordinateur. Nous nous enfermons donc pendant pas loin de quatre heures, deux fois par semaines, et l’on fait de la purée de cerveau. L’on échange sur les cours, les professeurs n’ont, en effet, généralement pas le temps d’aller en détail sur tout le programme, le cours servant principalement à expliquer les principaux points et répondre aux questions, le travail se faisant essentiellement en amont. Il est donc essentiel de travailler à plusieurs car il est tout simplement impossible de comprendre tout seul la matière, pas seulement parce que vous êtes étrangers, les américains aussi ont du mal, mais parce que le droit fiscal est une matière particulièrement technique et qui fait appel à des notions de toutes les branches du droit que vous ne maîtrisez bien sûr pas, ce qui le rend passionnant bien que difficile à appréhender, comme en France en somme. Certains professeurs poussent le vice jusqu’à attribuer une note d’équipe pour la participation. A la fin des quatre heures mon équipe et moi sommes généralement vidés de toute énergie, le cerveau tout endolori à force de se torturer les méninges. Les échanges sont en général très intéressants car mon équipe est composée essentiellement d’étudiants étrangers, nous avons donc des points de vue assez différents sur certain fonctionnement et dispositifs juridiques.


Politique

Comme vous le savez les Etats-Unis sont en pleine campagne présidentielle. Ce que vous ne savez peut être pas c’est que les gouverneurs sont élus dans la foulée ainsi qu’un certain nombre d’élus locaux et fédéraux. La campagne présidentielle est assez peu visible dans la rue, vous croiserez peu de militants d'un bord ou de l’autre. Vous aurez un peu plus de chance de croiser des militants de telle ou telle cause en faveur d’un candidat. Par contre, sur internet c’est un véritable déchaînement de passion. Et si l’on pouvait reprocher à la France d’avoir une campagne présidentielle de caniveau c’est assez lamentable ici aussi : j’ai croisé plus d’une fois des militants pour le retrait des troupes en Libye qui tenaient un stand avec une photo d’Obama affublé de la moustache d’Hitler, et sur internet le débat n’est pas plus élevé. Même certaine personnalité font dans le bas de gamme, je me souviens d’être tombé sur le blog d’un professeur de droit qui dénigrait Mitt Romney en faisant des montages photos avec des chiens, à propos de la déclaration d'intérêt de ce dernier entre autre… Mes horaires de cours ne me permettent  pas de suivre les débats télévisés. Là où la campagne est donc particulièrement intéressante pour moi c’est lors des échanges avec les américains. Ceux que je fréquente, en effet, ont des avis extrêmement intéressants sur de nombreuses questions et assez souvent différents de ce que je lis dans la presse, sur le Obamacare par exemple, la position  d'un ami médecin contre cette réforme est extrêmement intéressante mais trop longue à développer ici.
Comme la France, l’Etat de Washington est secoué par un certain nombre de questions de société tels le mariage gay et la consommation de drogue (autorisée pour usage médicale), entre autres. L’autre avantage de la campagne est qu’elle rend les cours encore plus intéressant, chaque professeur ayant ses opinions et la fiscalité étant un des enjeux majeurs de la campagne.


Religion

L’Etat de Washington est un des Etats réputé pour être l’un des Etats les moins religieux des Etats-Unis, et pourtant ! 
Les Etats-Unis ont une culture de la liberté religieuse très forte, c’est ainsi à ma grande surprise que je suis passé devant un bâtiment de la scientologie dans la rue en me promenant, que j’ai pu observer pas moins de 7 édifices religieux, revendiqués chrétiens, dans un rayon de 3 kilomètres autour de mon appartement. Il y en a un peu pour tous les goûts. Les églises sont particulièrement actives, il est assez fréquent de voir des gens distribuer des bibles dans la rue, de se faire aborder par des Mormons ou d’autres mouvements et même de voir des stands religieux sur le campus de l’Université. Les différents mouvements semblent contribuer au maintien d’un lien social particulièrement fort. Les plus représentés sont les mouvements protestants. Je n'ai vu aucune représentation juive ou musulmane jusqu'à maintenant.

Ami lecteur je te prie de bien vouloir m'excuser pour la longueur de ce billet et de l’absence de photos mais il est assez difficile de faire plus court. Même là j'ai dû réduire autant que possible ce qui n'est pas sans provoquer certain raccourci qui ne doivent pas être mal interprétés.

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