Saison Berlin - Épisode 17 : Gestion du COVID-19 aux Pays-Bas et expérience en tant qu’étudiant en LL .M

Gestion du COVID-19 aux Pays-Bas et expérience en tant qu’étudiant en LL .M

Par Guillaume Sevalle
Article du 11 mai 2020.

Actuellement étudiant en quatrième année à la Grande École du Droit, j’ai eu l’opportunité d’intégrer le LL.M (Master of Laws) en International Business Law de l’université de Tilburg, dans le sud des Pays-Bas, plus précisément au cœur de la région du Brabant-Septentrional.

Cependant, en raison des évènements récents et des conséquences mondiales du COVID-19, je tenais à partager la gestion de cette crise aux Pays-Bas, qui diffère par bien des manières de celle appliquée en France. De plus, il me semblait également opportun de partager mon expérience étudiante à l’étranger en cette période troublée. Tout comme certains de mes camarades, j’ai fait le choix de rester à Tilburg et de profiter tant bien que mal de l’expérience qu’offre un LL.M à l’étranger.

La gestion de l’épidémie aux Pays-Bas

Tout d’abord, il est important de rappeler que la propagation du COVID-19 aux Pays-Bas n’est intervenue que plus d’un mois après l’arrivée du virus en France (le 24 janvier 2020 pour la France, le 27 février 2020 aux Pays-Bas).

Malheureusement, le premier cas néerlandais est apparu à Tilburg, en plein cœur du carnaval, une coutume très respectée dans le sud du pays où il est bien évidemment répandu non seulement de se déguiser, mais également de communier et fêter ensemble cet évènement majeur et traditionnel dans les rues des différentes villes participantes. Cela a donc nécessairement participé en partie à la propagation du virus. Par la suite, un premier cas de décès dû au virus à Rotterdam est apparu le 6 mars. Peu après, un enchainement de mesures destinées à stopper la propagation est intervenu, avec cependant une vision bien différente de celle adoptée en France, avec la promotion de l’immunité collective.

Effectivement, cette méthode a pour but de propager le virus au plus grand nombre d’habitant possible, tout en protégeant les personnes vulnérables, avec pour objectif d’empêcher la propagation par l’immunité développée au cours des semaines par l’ensemble de la population. Cependant, il existe une certaine différence entre l’application littérale de cette méthode et les mesures réellement adoptées par le gouvernement néerlandais, qui se rapprochent plus d’un confinement intelligent.


 © Le soir . be

Le déroulement des mesures

Le 16 mars 2020, le gouvernement néerlandais annonçait la fermeture des écoles, des bars, des restaurants, des clubs de sport, des maisons closes et des coffee shops. Ces mesures restaient cependant loin des restrictions de déplacement imposées en France peu après. Trois jours plus tard, le 19 mars, le ministre des Soins Médicaux Bruno Bruins annonçait sa démission en raison de son incapacité à travailler sous une telle pression, à la suite d’un malaise au Parlement. Le 24 mars, le gouvernement annonçait un nouveau durcissement des mesures avec l’interdiction de rassemblement de plus de 3 personnes (à l’exception des mariages et des enterrements), l’obligation de conserver une distance d’au moins 1,5 mètre en toute circonstance mais également la distribution d’amende de 400 euros pour non-respect de ces mesures. Le 31 mars, le gouvernement annonçait finalement le maintien de ces mesures jusqu’au 28 avril.

Ces mesures ne restreignent pas la liberté de déplacement des citoyens mais restent cependant en contradiction avec l’application de l’immunité collective. On parle d’ailleurs le plus souvent d’un confinement intelligent. Le 23 avril 2020, les Pays-Bas comptent plus de 35000 cas d’infections pour plus de 4100 morts, avec une population totale de 17 millions d’habitants.

L’expérience en tant qu’étudiant

J’ai décidé de rester dans ce pays car je ne m’y sens pas en danger et je reste tout de même proche de Paris en cas de problème. De plus, j’ai pu observer un certain respect des consignes de la part des néerlandais notamment à propos des distances de sécurité (malgré la présence de nombreuses personnes dans les rues et dans les parcs), ce qui m’a beaucoup rassuré et m’a incité à terminer mon année de LL.M sur place.

L’université de Tilburg a adopté une communication claire et efficace à propos de la suite du second semestre de mon master. Les cours se déroulent désormais à distance sur la plateforme Zoom, et les examens se feront également à distance. Ce point est d’ailleurs relativement problématique, dans le sens où l’université a initié des tests afin de mettre en place un contrôle contre la fraude lors des examens par une demande de vérification de l’espace de travail de l’étudiant (afin de vérifier qu’il est bien seul), mais aussi la possibilité de contrôler son micro et sa caméra au cours de l’examen. Ces mesures apparaissent quelque peu intrusives au regard de la vie privée des étudiants mais elles restent une option pour s’assurer de la validité des examens et donc de la remise des diplômes.

L’ensemble des masters de l’université impose la rédaction d’un mémoire en anglais, en plus du mémoire obligatoire de Master 1 Droit des Affaires-LLM. Une des plus grosses difficultés que j’ai pu rencontrer est la faculté d’écrire chaque jour, sans avoir l’opportunité de s’aérer convenablement l’esprit. En effet, même si les sorties sont autorisées au Pays-Bas, il est cependant fortement conseillé de rester chez soi. Ce confinement offre donc un gain de temps de travail mais rend les conditions d’écriture d’un mémoire bien plus difficiles. Il faut par ailleurs être capable d’effectuer des travaux de groupe sans pouvoir voir ses partenaires, ce qui n’est pas toujours évident, notamment dans la préparation d’une négociation de contrats avec un professeur, comme c’est le cas dans mon master avec la matière « Legal Negotiation Workshop », où les étudiants doivent négocier par groupe avec un professeur la signature fictive d’un contrat de financement d’un fonds d’investissement par la société néerlandaise Philips, une des sociétés majeures au monde en électroménager, éclairage et matériel médical.

Cette année prend donc un tournant particulier mais me permet de bénéficier d’une expérience spéciale que je vis pour le moment très positivement, dans un pays où la gestion de l’épidémie est bien différente du confinement appliqué en France.  

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