Saison Berlin - Épisode 19 : La gestion américaine de la crise sanitaire liée au Covid-19

La gestion américaine de la crise sanitaire lié au Covid-19

Par Clémence Helfer
Article du 25 mai 2020.


(Photo prise à Central Park, New York City)


Après deux mois de confinement à New York City où j’effectue un LL.M spécialisé en Banking, Corporate and Financial Law à Fordham University, je souhaite revenir sur la gestion de la crise sanitaire aux États-Unis. 

Les États-Unis sont le pays le plus endeuillé et le plus touché au monde, avec presque 1 500 000 personnes contaminées, soit plus de 30% des cas recensés sur Terre.

Il est donc important de comprendre comment les États-Unis répondent à cette pandémie tout en prenant en compte ses spécificités culturelles et politiques.

Le caractère fédéral des Etats-Unis face à la gestion de la crise sanitaire :

En matière de santé publique, les décisions se prennent généralement à l’échelon local ou à l’échelle de l’Etat. C'est la raison pour laquelle on observe des réactions différentes d'un État à un autre. Ainsi, la ville de New York a décidé de fermer les établissements scolaires dès le début de mars alors qu’en Californie, le gouverneur a laissé, dans un premier temps, aux comtés le choix de maintenir ouvertes leurs écoles.

A l’échelle fédérale, le Président Trump a déclaré le 13 mars l’état d’urgence aux Etats-Unis. Ce dispositif est souvent utilisé pour des catastrophes naturelles et permet à l'Etat fédéral d'allouer des ressources pour venir en aide aux autorités locales.
Dans cette optique, Trump a contraint par décret l’entreprise General Motors à produire des respirateurs artificiels dont les hôpitaux commencent à manquer. Il s’est appuyé sur le « Defense Production Act », qui remonte à la guerre de Corée, et qui autorise le gouvernement fédéral à mobiliser le secteur industriel privé pour les besoins de la sécurité du pays.

Cependant, la gestion de crise reste pour l’instant très hétérogène. On peut voir par exemple que le CDC (Center for Disease Control and Prevention), l’agence fédérale en charge des efforts en matière de dépistage, de prévention et de lutte contre le virus, ne dispose pas de moyens contraignants pour imposer ses recommandations et bonnes pratiques aux différents états.

Le système de santé américain face à la pandémie :

Le système de santé américain est assez inégalitaire. Si plus de 60% des Américains sont très bien couverts, car pris en charge par leurs entreprises, on constate encore que 25 à 30% des Américains restent très mal assurés. C’est le cas par exemple des 15 millions de travailleurs indépendants de la gig economy qui n’ont pas de couverture médicale.
Il existe, cependant, des programmes publics d’aide comme Medicare ou Medicaid pour les personnes âgées ou les personnes les plus pauvres.

Ainsi, le fait que de nombreux Américains n’aient pas de couverture de santé interroge sur la capacité du pays à enrayer la pandémie.
De nombreuses dispositions législatives ont été votées en urgence afin de tenter de combler les lacunes et de renforcer la protection sociale.
Le Congrès a adopté le 18 mars le « Families First Coronavirus Response Act » qui couvre les coûts des tests à l’avenir mais qui ne traite pas le problème du coût des traitements pouvant s’élever dans certains cas à plus de 30 000 dollars.

La place de l’économie américaine dans la gestion de la crise sanitaire  :

Avant l’épidémie, les États-Unis étaient dans une période de plein-emploi, avec un taux de chômage historiquement bas à 3,5 %. Désormais, les prévisions évoquent un chômage qui pourrait toucher de 20 à 30 % de la population active. Plusieurs millions d’Américains ont demandé à percevoir des allocations-chômage en mars. En effet, les mesures de confinement décidées par de nombreux États entraînent des licenciements en masse dans le commerce et les services.

Face à la crise sanitaire et économique, le Président Donald Trump, a signé un plan de relance historique de 2 000 milliards de dollars alors que le public et l'économie américaine luttent contre la propagation dévastatrice de Covid-19.

Cette législation de grande envergure constitue le plus important plan d'aide d'urgence de l'histoire des États-Unis. Elle représente une injection financière massive dans une économie en difficulté, avec des dispositions visant à aider les travailleurs et les petites entreprises. Un autre élément clé comprend l'envoi de chèques directement aux individus et aux familles.

Le comportement du président a montré que la priorité américaine est de trouver des solutions économiques et financières pour lutter contre la crise sanitaire. Il a souvent été critiqué pour souhaiter un retour précipité à la normale, allant à l’encontre des orientations des responsables de santé publique.

Le cas particulier de New York

New York est devenu l’épicentre de l’épidémie américaine avec plus de 20.000 morts. La ville de New York City restera confinée au moins jusqu'au 13 juin, selon un nouveau décret du gouverneur de l'État, Andrew Cuomo.

Si ses prises de parole quotidiennes, mesurées et pleines d’empathie ont d’abord été saluées, à tel point qu’un hashtag #PresidentCuomo a émergé sur Twitter, aujourd’hui, la critique lui reproche les tensions avec le maire de la ville, Bill de Blasio. Bien que du même parti politique, les deux politiciens se sont souvent affrontés pour savoir lequel d'entre eux assume la responsabilité de la gouvernance de la ville.

Dans un premier temps, MM. Cuomo et de Blasio ont proposé une réponse commune, en minimisant le danger.  
Par la suite, M. de Blasio a voulu imposer un confinement strict sur l’ensemble de la ville, mais il s'est heurté à la résistance de M. Cuomo. Les deux hommes se sont également confrontés sur leur autorité face à la fermeture des écoles.


Ainsi, on voit bien toute la complexité et le paradoxe de la gestion de crise américaine. Dans l’attente d’un vaccin, les États-Unis suscitent de nombreux doutes sur son avenir.

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